Les emplettes de la matinée et les restes de la table bien garnie du f’tour finissent dans des bacs à ordures que les enfants de familles démunies récupèrent. Le gaspillage est tel que les poubelles regorgent tout au long du mois sacré de nourriture et autres denrées.
Munis d’un caddie qu’ils tirent difficilement tour à tour et auquel ils attachent plusieurs sacs, les deux frères font abstraction totale des regards curieux et pitoyables qui s’attardent sur eux.
Le plus important pour eux est de remplir le caddie et retourner à la maison à l’heure pour que leur maman puisse faire le tri et garnir la table du f’tour. En ce quatrième jour du mois de Ramadhan, nous avons été surpris par cette image qui contraste avec les principes de ce mois sacré censé être celui de l’entraide, de la piété et de la solidarité : des enfants qui se bousculent en s’insultant pour vider les poubelles! C’est à qui arrivera le premier pour fouiner dans ces dépotoirs débordants.
Débordants non pas parce que les agents de Netcom sont en grève mais tout simplement parce que les déchets ménagers ont triplé en ces premiers jours de jeûne et les bacs à ordures se sont avérés trop exigus pour contenir toutes les denrées dont se débarrasse la ménagère pour faire de la place dans son réfrigérateur.
Le mois de carême est paradoxalement celui où le gaspillage atteint son summum. Les emplettes de la matinée et les restes de la table bien garnie du f’tour finissent souvent dans les sacs-poubelles que l’on prend soin de déposer sur son chemin à la mosquée du quartier pour la prière d’Ettarawih.  
Heureusement que le gaspillage de certains ménages profite à des familles démunies qui ne peuvent en aucun cas se permettre d’aussi folles dépenses.
En effet, la fièvre acheteuse  qui s’empare des ménages et les diverses envies culinaires qui font leur apparition tout au long des trente jours de jeûne, font des heureux comme ces deux frères qui, chaque jour que Dieu fait “s’approvisionnent” dans les poubelles des quartiers et des marchés. Nous les avons d’ailleurs remarqués au marché d’Hussein-Dey.
Pas la peine de les approcher car ils deviennent très vite agressifs. Mais il suffit qu’ils aient rempli leur caddie pour qu’ils changent de comportement. Réticents voire même sur la défensive au départ, les deux frères ont bien voulu se confier à nous. L’aîné, 15 ans à peine, joue au chef de famille et se dit fier de tout faire pour nourrir sa famille composée de cinq personnes. “Moi, je n’ai aucune honte à faire les poubelles et des petits boulots pour subvenir aux besoins de ma famille. J’ai tout sacrifié pour mes frères et sœurs”, s’enorgueillit l’adolescent.
Et de raconter que la vie est imprévisible et peut nous cacher des surprises. “Mon père nous a laissé tomber il y a près de quatre ans et ma mère n’en peut plus. C’est quand elle est tombée malade que j’ai été contraint de “naviguer’’ pour subvenir aux besoins de la famille. Ma mère disait que l’essentiel est de trouver à manger. Au lieu de faire la manche, j’ai travaillé au marché de Bachdjarrah.” Et sur son chemin, de La Glacière à Bachdjarrah, l’adolescent fouille les poubelles et récupère tout ce qui peut leur servir.
Il confie que la période du Ramadhan est très particulière car les familles jettent beaucoup de nourriture et autres denrées. “Je rapporte beaucoup de choses!”
Et comme, les ménagères savent que les restes dont elles se débarrassent sont récupérés, elles prennent le soin de les mettre dans des sacs à part et bien fermés pour les séparer des autres déchets ménagers.
Solidarité sociale oblige en ce mois sacré!
Malika Ben
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Posté Le : 26/07/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Malika Ben
Source : liberte-algerie.com du mercredi 25 juillet 2012