Algérie

Quand le détroit de Gibraltar était perméable'


Quand le détroit de Gibraltar était perméable'
Tlemcen
De notre envoyé spécial

Les confluences historiques entre Al Andalus et les royaumes maghrébins de l’Algérie  sont, depuis hier, au cœur d’un débat au Musée de l’art et d’histoire de Tlemcen, à la faveur des Journées d’études organisées par le département Expositions de la manifestation  «Tlemcen, capitale de la culture islamique».
Des experts, architectes, archéologues et historiens algériens et espagnols ont été invités à débattre de plusieurs thèmes. Mohamed Djehiche, chef du département Expositions et directeur du Musée algérien de l’art moderne et contemporain (Mama), a indiqué que ces journées d’études se tiennent en prévision d’une grande exposition en deux parties : «L’âge d’or des sciences en pays d’Islam» et «Sur les traces des Andalous». Cette exposition permanente est prévue pour la fin mai 2012. Elle se tiendra  au niveau du Centre de recherches et d’études andalouses, nouvellement créé à Tlemcen et qui sera mis sous la tutelle du Centre national des recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah). Le choix de Tlemcen s’explique par le fait que cette ville était à la croisée des chemins entre les royaumes du Maghreb et de l’Andalousie. Le souci de décentraliser la recherche est avancé également comme deuxième argument à cette décision. Mohamed Djehiche a rappelé qu’un cycle de quinze expositions a été organisé à l’occasion de «Tlemcen, capitale de la culture islamique». Des expositions sur, entre autres, les manuscrits, la Kalaâ des Benni Hammad, le patrimoine immatériel, les peintres de Tlemcen, l’histoire de l’Algérie à travers les bijoux… «Parfois, lorsqu’on va de l’autre côté de la Méditerranée, on entend beaucoup parler de l’influence andalouse sur le Maghreb. Nous souhaitons parler du contraire, l’influence du Maghreb sur l’Andalousie. L’Andalousie symbolise justement ce parfait échange spirituel et architectural. Ces journées d’études sont une occasion d’échanger les idées et les expériences», a déclaré Mohamed Djehiche. Il a relevé que deux écoles s’opposent sur la manière de gérer le patrimoine. «Il est bon d’écouter les deux parties débattre. Il y a une école qui prône la reconstitution et la restauration des monuments. Une autre qui plaide pour le rejet de toute forme d’intervention sur les monuments pour éviter la dégradation. Cette école appelle à laisser les fouilles telles qu’elles sont. Les uns et les autres ont des arguments massifs. Mon rôle a été de mettre ces deux parties l’une face à l’autre pour débattre et confronter les arguments scientifiques», a-t-il estimé. Rafael Valencia, professeur à l’université de Séville, a souligné que la période andalouse et la culture arabe qui en était liée avaient été marquées par une certaine modernité. Il a relevé qu’à cette époque, le détroit de Gibraltar, qui relie le Maghreb à l’Andalousie, était perméable et que les frontières étaient invisibles. Il a souligné que le rapport entre la presqu’île ibérique et Tlemcen avait existé avant la conquête arabe et s’était poursuivi après la chute de l’Andalousie en 1492. «Il y a certaine similitude entre la ville de Tlemcen et Grenade, Séville ou Saragosse, en ce sens qu’il y a eu toujours un milieu urbain entouré d’une campagne, de terres. Des villes qui vont dépendre de l’échange de marchandises plus tard, compte tenu du rapport entre la culture arabe et le commerce», a indiqué Rafael Valencia. Les relations entre l’Andalousie et Tlemcen s’étaient renforcées à partir de la première moitié du IXe siècle. L’universitaire arabisant espagnol a illustré son propos par l’alliance militaire entre les Omeyyades d’Andalousie et les Rostomides Tihert contre les Idrissides de Fes. Il a relevé que l’ancienne Agadir (Tlemcen) était un point de passage important des caravanes commerciales qui partaient de la Méditerranée vers le Sahel. Rafael Valencia a souligné également qu’à l’époque des Almoravides, au XIIe siècle, Tlemcen et les villes espagnoles faisaient partie d’un même pays (les Almoravides avaient conquis une partie de la Péninsule ibérique après avoir livré bataille aux Omeyyades en Andalousie). Lors d’une autre conférence, l’ancien directeur du Musée national des antiquités d’Alger, Lakhdar Derias, a présenté le rapport préliminaire des fouilles archéologique du Méchouar de Tlemcen. Un Méchouar qui concentre presque toutes les époques qu’a connues Tlemcen : Almoravides, Almohades, Zianides, ottomane et française. L’universitaire Antonio Almagro Gorbea a expliqué, pour sa part, comment le célèbre palais Alcazar de Séville a été restauré. Construit par les Omeyyades en 844, Alcazar avait été modifié par les Almohades après leur conquête d’une partie de l’Andalousie. Au XVIe siècle, l’archiduc d’Autriche, Charles Quint, l’avait complètement défiguré. Aujourd’hui, l’archéologue Azeddine Bouyahiaoui abordera les problématiques de la ville historique de Tahert-Tagdemt, le chercheur Rafael Manzano Martez évoquera Madinet Al Zahra de Cordoue, les universitaires Fayçal Sahli et Abdennour Ben Kherbèche parleront de la Kalaâ des Beni Hammad, Mohamed Akli fera une conférence sur le site archéologique de Achir à Médéa, alors que Naïma Mahindad évoquera  «La dialectique quartier/ville» à travers l’histoire urbaine de Béjaïa.
 
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