Algérie

Quand le cinéma sert la présidentielle en Tunisie



Quand le cinéma sert la présidentielle en Tunisie
A l'approche du 2e tour de la présidentielle tunisienne, l'un des deux candidats, Moncef Marzouki, a eu l'ingénieuse idée de projeter à ses sympathisants au Palais de Carthage, le film Conflit (Essiraa) de Moncef Barbouch, qui n'a pas été programmé aux 25es JCC. Cette décision a été prise pour s'opposer à la décision de la direction des Journées cinématographiques de Carthage (JCC 2014), organisées par le ministère de la Culture en novembre dernier, qui n'ont pas inscrit ce film dans leur programme officiel, mais aussi pour dénoncer les résidus de l'ancien régime Ben Ali, qui reviennent à travers Nidaa Tounès. Lors de son meeting électoral, dimanche 14 décembre 2014, à la Coupole d'El Menzah, à Tunis, M.Marzouki a accusé la direction des JCC d'avoir censuré le film, en affirmant que cette décision rappelle «les pratiques de l'ancien régime» (sic!) «Ils n'ont pas encore le pouvoir et ont déjà commencé à censurer. Je suis le seul à barrer la route à ces gens et je suis le seul garant des libertés», a-t-il lancé, sans préciser de qui il parle. Pour l'autre camp, Nidaa Tounès et Béji Caïd Essebsi, ne sont pas encore au pouvoir et ils n'ont rien à voir avec la décision de ne pas programmer le film en question aux JCC 2014. Cette décision a été prise par une instance officielle dépendant du gouvernement en place, donc de l'Etat tunisien dont M. Marzouki est censé être l'incarnation. Le film Conflit raconte une page noire de l'histoire tunisienne sous Ben Ali au début des années 1990 lorsque l'ex-dictateur s'en est pris aux islamistes. Le cinéaste a mis en lumière le quotidien des détenus et de leurs familles et surtout leurs enfants qui étaient les premières victimes de l'acharnement de la dictature. Les choses sont claires, ce film sert beaucoup plus le camp d'Ennahda et leur candidat potentiel M. Marzouki qui cherche par cette programmation cinématographique un moyen de gagner davantage la sympathie des islamistes, considérés comme les principaux électeurs.Ce n'est pas la première fois que le cinéma serre de campagne électorale pour attirer les élections mais parfois ça peut causer l'effet inverse, comme ce fut le cas en Egypte, quand le clan Moubarak avait produit et diffusé la veille des élections législatives un feuilleton sur le mouvement des Frères musulmans intitulé El Gamaa (La confrérie). Le feuilleton qui a été diffusé durant le Ramadhan décrivait comment le premier mouvement radical islamiste a été créé par Hassan El Bana et comment il a réussi à s'imposer en Egypte. L'impact de ce feuilleton sur les Egyptiens fut immédiat, puisque le parti du mouvement des Frères musulmans a gagné les élections législatives et son représentant Mohamed Morsi a été élu président. La suite du feuilleton, qui montrait notamment la répression contre les islamistes et l'exécution de son principal leader Hassan El Banna, n'a jamais été tournée. Reste à savoir si la diffusion d'un film anti-islamiste en Tunisie fera gagner à Marzouki l'élection.amirasoltane08@live.fr




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