Algérie

Quand le bricolage fait des siennes



Pourtant, tout était prêt pour la réussite de cet événement économique de Foire nationale des produits agricoles et agroalimentaires prévu du 23 au 27 septembre. Tous les exposants étaient présents hier au pavillon C. Mais ils étaient dépités, car la veille, ils avaient monté les stands et exposé minutieusement leurs produits. Dès leur arrivée, tôt le matin, ils ont été refoulés sans explication aucune. Et vers 10 heures, on commence déjà à tout remballer, pour le cas des plus éloignés à l'instar de ceux du Sud, car la Foire est officiellement annulée.Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Ils étaient 150 exposants à venir de 24 wilayas du pays, réunis dans un espace d'exposition qui devait rassembler les PME, les cultivateurs et les entreprises algériennes dans l'objectif de faire connaître leur produit et l'écouler au prix de gros au consommateur, une manière de combler le retard accusé par 6 mois de «mévente». Certains d'entre eux ont mis 3 jours pour rejoindre la capitale à l'image de Mokhtar, venu d'El Menéa, à 1100 km, un opérateur de l'industrie de transformation, visiblement très déçu de la « déconvenue».
Ce n'est pas tant les frais de participation ou de transport de la marchandise ou encore les pertes engendrées par les produits qui allaient tourner et devenir impropres à la consommation, ni encore moins la fatigue qui l'irrite mais ce sont les conditions dans lesquelles la Foire a été annulée qu'il déplore. « Si au moins on nous avait avisés la veille ou même encore la matinée de l'inauguration », regrette-t-il, car, en fait, il n'avait su la nouvelle qu'à son arrivée au pavillon C puis « refoulé », c'est bien le terme qu'il a utilisé, parlant des agents de sécurité.
Un autre exposant d'Alger est spécialisé dans le miel de dattes, un complément alimentaire fraîchement produit et destiné à l'exportation, selon ses explications. « C'est un produit unique puisqu'il va être dévoilé pour la première fois », précise-t-il. Tout en dépit, il déplore, lui aussi, la manière avec laquelle la Foire a été annulée et le manque de considération réservé aux exposants. « Je l'ai su ce matin à la radio », lâche-t-il.
Mohamed, un producteur de boissons et de jus de grande qualité, rencontré tout affairé à vider avec son compère les étalages et à distribuer gratuitement les bouteilles aux personnes présentes, apparemment très calme, mais au moment où nous nous apprêtions à le questionner, il se laissa emporter par la colère. « À 9h, au moment où je m'apprêtais à franchir l'entrée du pavillon C, j'ai été accueilli d'une manière peu orthodoxe par les agents de sécurité, en me barrant la route sans même m'expliquer la situation », grogne-t-il. « Et dire que la veille tout allait à merveille au moment de la préparation des stands », ajoute-t-il. Il n'a appris la nouvelle que par le biais de la foule des autres participants réunis dans la grande cour du Palais des Expositions des Pins-Maritimes.
Mourad, un opérateur dans l'industrie agroalimentaire, nous confie qu'il avait appris la nouvelle la veille en fin de journée d'un agent de l'administration de la Safex. « Comme je suis un habitué des foires, j'ai des relations qui m'ont communiqué la nouvelle», nous avoue-t-il, mais sans pour autant connaître les raisons de la défection. Tous les participants s'affairaient, durant toute la journée d'hier, à rassembler leur production, et à se préparer à repartir. Mais, non loin, au niveau du siège de la Chambre nationale d'agriculture, une grande animation régnait et beaucoup de personnes debout dans le hall attendaient pour accéder au bureau du président de la CNA, il est vrai qu'il n'a pas désempli depuis le début de matinée. Le président de la Chambre d'agriculture de Bouira nous dira qu'il ignore les raisons de cette défection. Mais sans le dire ouvertement, il nous confiera qu'il doute que le président de la Chambre nationale, lui aussi, ne soit au courant des raisons objectives de l'annulation de la Foire. Une expression qui en disait long, car l'ambiance qui planait autour du Palais des Expositions a laissé plus d'un perplexe.
Le directeur de la Safex et même sa chargée de communication sont demeurés injoignables, même si un agent nous a confié que cette dernière était confinée dans son bureau.
Joint par téléphone, Tahar Boulanouar, le président de l'ANCA qui devait assister à la cérémonie d'inauguration, nous avoue qu'il ne détient aucune information. Alors qu'une source de la Safex, qui a bien voulu se livrer à nous, nous a révélé que la décision provient du ministère de la Santé en raison de la situation pandémique qui sévit en Algérie. Selon lui, le ministère de la Santé n'a été avisé qu'à la dernière minute sur la tenue de l'événement. Pourtant, quelques jours auparavant, lors d'une conférence de presse, le directeur de la Safex était formel quant au strict respect des mesures sanitaires et qu'un protocole « exceptionnel » était mis en place à l'effet de la réussite de cet événement inscrit dans le cadre de la relance économique et du retour à l'activité de la Safex après 6 mois de gel. Du reste, cette annulation, qui a fini par constituer un véritable incident, tant la grogne des industriels était très sérieuse, a démontré le ratage « impardonnable » des pouvoirs publics par le «non-respect des exposants», une expression qui revient dans la bouche de tous les exposants questionnés.
A. B.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)