Algérie

Quand le Barrage vert inspire les Africains


Quand le Barrage vert inspire les Africains
[La flore verte, seul barrage contre l'avancée du désert]La flore verte, seul barrage contre l'avancée du désert
«L'Algérie va partager son expérience du Barrage vert avec les autres pays africains.»
Les initiateurs de la Grande muraille verte africaine (GMV) vont devoir s'inspirer de l'expérience algérienne en matière de lutte contre la désertification, plus particulièrement le vieux projet du Barrage vert, pour mieux en éviter les difficultés, les pièges et les erreurs.
Membre de l'initiative de la GMV, une ceinture d'arbres de 15 km de largeur allant du Sénégal à Djibouti (7 100 km), «l'Algérie va partager son expérience du Barrage vert avec les autres pays africains qui pourraient tirer les leçons des échecs et réussites du projet algérien», a indiqué à l'APS, M.Youssef Brahimi, coordonnateur du Programme Afrique du Nord et coopération Sud-Sud du Mécanisme mondial de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (Unccd).
Lancé en 1974 pour faire face à l'avancée du désert, le Barrage vert visait à reboiser un périmètre de 3 millions d'hectares d'est en ouest, sur une longueur de 1200 km et sur une largeur variant entre 5 et 20 km. Or, les conséquences du dysfonctionnement qui a accompagné la réalisation de cette oeuvre n'ont pas tardé à apparaître dès les années 1980. Réalisé dans la précipitation, le projet n'a pas donné l'occasion aux populations locales de l'adopter en tant qu'initiative complémentaire à leur mode de vie socio-économique basé essentiellement sur l'élevage, selon des experts.
Les agro-éleveurs qui se sont opposés à ces plantations, ayant «envahi» leurs parcours de pâturage, attendaient la tombée de la nuit pour arracher les arbres plantés pendant la journée par les jeunes du Service national. Des conflits permanents ont duré longtemps. «On ne doit pas planifier ce type d'opération à partir de la capitale. Il faut le faire avec les populations locales», a indiqué le directeur de l'Institut algérien de recherche agronomique d'Algérie (Inraa), M.Fouad Chehat. Il fallait donc discuter avec les habitants pour leur expliquer l'utilité de cette muraille tout en leur assurant le fourrage et les passages sous forme de couloirs de circulation à l'intérieur de l'immense forêt.
Autre déboire connu par cette opération d'envergure, le choix d'une seule essence forestière qui est le pin d'Alep, une espèce très sensible aux effets ravageurs de la chenille processionnaire qui s'y est installée d'ailleurs dès 1982.
Les décideurs et les techniciens se sont rendus compte également de la nécessité d'associer à cette opération de petits projets de proximité de type agricole et para-agricole au profit des populations pour leur permettre d'améliorer leurs conditions de vie. Cette expérience est prise en compte par la nouvelle politique du Renouveau rural adoptée par l'Algérie en 2008. Basée sur une approche intégrée, cette stratégie est mise en oeuvre à travers les projets de proximité de développement rural intégré (Ppdri). L'Algérie veut partager cette expérience avec les pays africains et les partenaires internationaux de la GMV qui s'étend du Sénégal, à l'ouest, jusqu'à Djibouti, à l'est.
«La lutte contre la désertification est une lutte pour le développement, c'est dire mettre l'homme au coeur de la gestion durable des ressources naturelles», estime M.Brahimi regrettant que la GMV soit conçue comme étant un mur d'arbres s'étendant sur 7100 km de longueur avec 15 km de largeur. «Il ne s'agit pas d'une simple reforestation, mais d'une approche intégrée de gestion durable des terres en valorisant les bonnes pratiques et en créant les conditions habilitantes au niveau des marchés et en renforçant les capacités des différents acteurs», estime M.Brahimi.
La GMV «veut s'imposer au niveau régional et mondial en tant que projet intégré pour le développement durable et la lutte contre la pauvreté au sein du continent africain», a ajouté cet expert. Le Mécanisme mondial, en tant que partenaire de ce projet, a mis en place une plate-forme de mobilisation des ressources, d'échange de connaissances, de transfert de technologie et de bonnes pratiques sur la gestion durable des terres ainsi qu'un programme de renforcement des capacités des acteurs aux différents niveaux. Cette plate-forme vise à promouvoir la coopération Sud-Sud et à échanger les expériences déjà acquises en matière de lutte contre la désertification. M.Brahimi a révélé, dans ce contexte, qu'un projet «intéressant» entre l'Algérie, le Niger, le Mali et la Mauritanie a été identifié récemment suite à une initiative algérienne. Il s'agit d'élaborer une carte globale des parcours sahariens et de faire un suivi des troupeaux, notamment camelins traversant les frontières de ces quatre pays.
Un autre projet de coopération au niveau des collectivités locales a été identifié par le Niger, le Mali et le Burkina Faso. «La valeur ajoutée de l'initiative Muraille verte, c'est de promouvoir la coopération Sud-Sud à travers notamment des projets transfrontaliers».
«Le grand défi est d'arriver à intégrer les projets de la GMV dans les programmes nationaux de développement pour qu'ils puissent répondre aux critères de l'ensemble des mécanismes de financement des programmes portant changement climatique, lutte contre la désertification et la protection de la biodiversité», explique-t-il.
Cela donne une base de négociation avec les pays partenaires comme ceux de l'Union européenne, qui ont répondu modestement à l'attente du continent africain dans le cadre d'un accord entre l'UE et l'UA sur la lutte contre les changements climatiques.


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