Algérie

Quand la volonté fait défaut



Alger est devenue une noctambule invétérée -à l'instar des grandes métropoles- les soirées sont sacrées et il est quelques «énergumènes» seulement qui n'y souscrivent pas. Ceux qui sont trop casaniers pour mettre les pieds dehors et qui préfèrent laisser ces derniers dans les pantoufles. Beaucoup diront qu'il fait trop chaud pour en chausser (les pantoufles) et qu'il est de loin préférable de les avoir dans l'eau. Les plages sont justement investies après la rupture du jeûne, le palliatif à la léthargie de la journée est tout trouvé, on pique une tête à la tombée de la nuit. C'est l'été et il n'est pas question de sacrifier les plaisirs de la mer quitte à s'y rendre le soir. D'autant plus que le trajet est singulièrement animé en ce mois de Ramadhan et on ne peut que s'en réjouir. Les rues sont soudainement vivantes, les «fêtards» s'y croisent allègrement et ce qui est le plus impressionnant, c'est ce détachement affiché par les jeunes et les moins jeunes devant ces groupes de jeunes filles dont on ne s'étonne nullement de la présence à des heures indues. Tout est perçu de façon étonnamment ordinaire, même ces veillées que les routiers et les voyageurs du soir ont la surprise de découvrir dans des villages hermétiquement fermés et renfermés le reste de l'année. Mais ces escapades noctambules ne durent malheureusement que le temps d'un rendez-vous annuel que beaucoup tiennent à rendre festif. C'est là que réside le paradoxe. La vie nocturne n'est pas une tradition pour le commun des Algériens. Les rues sont habituellement désertes le soir, elles commencent à se vider frénétiquement dès la chute du jour. Le prétexte sécuritaire qui prévaut tout au long de l'année dans les esprits n'est plus valable durant le mois de Ramadhan, aussi bien pour les commerçants et autres intervenants dans la vie active (cafetiers, restaurateurs et autres) que pour les citoyens, puisque les dispositifs sont renforcés. Les autorités tentent vainement, notamment dans la capitale, à donner une âme aux villes durant la nuit, sans arriver à convaincre même les plus téméraires. Les mauvaises habitudes ont la peau dure. Une partie du problème réside sans doute dans l'inexistence d'une animation culturelle et de lieux de loisirs. Mis à part les plus nantis qui font bombance dans les endroits chics, le citoyen lambda n'a nullement où aller se divertir. Les pouvoirs publics déplorent l'aspect désertique des rues et des quartiers sans pour autant y remédier. Soumettre les commerçants à l'obligation d'ouvrir leur magasin durant la nuit ne suffit pas, encore faut-il mettre à la disposition des citoyens que l'on veut convaincre de sortir le soir tous les moyens indispensables à leur déplacement. Aussi bien le renforcement des dispositifs de sécurité que les moyens de locomotion. Sans compter que l'on doit bien évidemment créer et multiplier les destinations de loisirs. Donner vie aux villes de manière continue ne tient pas à des professions de foi, il faut que la volonté y soit réellement.R. M.


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