Algérie

Quand la rumeur dicte sa loi



«Prenez vos précautions. il y a une nouvelle crise de l'huile!». Depuis quelques jours, cette «alerte» est en train de faire le «buzz» sur les réseaux sociaux. Elle a volé la vedette à l'Equipe nationale de football et inquiète plus que la 4e vague de la Covid-19. Pris de panique, les citoyens sont en train de prendre d'assaut les magasins d'alimentation générale et autres supérettes pour faire le «plein», en prévision d'une nouvelle pénurie. Une nouvelle crise de l'huile de table pointe donc le bout de son nez. Vraiment' Les citoyens en sont persuadés. Ils s'attendent à revivre le même scénario que celui du début de 2021, avec les fameuses «tensions» sur ce produit de première nécessité. Qu'ils se rassurent, la réalité est toute autre. Nous avons mené une petite enquête auprès des distributeurs et grossistes pour savoir si réellement il y avait un problème autour de cette huile de tous les dangers. Ils ont fait part de leur stupéfaction concernant cette rumeur, qui a pris de l'ampleur durant le week-end dernier. «On est vraiment surpris par cette information, du fait que, jeudi dernier, aucun problème n'avait été signalé», soutient un vendeur en gros de produits alimentaires au niveau de «Hlaymiya», à Boudouaou, considérée comme la nouvelle «Bourse» de l'agroalimentaire en Algérie. «On est servi comme d'habitude, on a les mêmes stocks et jusqu'ici il n'y a pas eu une hausse particulière de la demande qui laissait croire à l'arrivée d'une crise», argumente-t-il. Chose que nous confirment ses collègues, qui nous exhibent fièrement leurs stocks.À l'origine de l'«infox»...
Les producteurs ont également démenti l'existence d'une quelconque perturbation dans leur activité. Au niveau des détaillants, par contre, certains magasins se sont retrouvés en rupture de stock. Leurs étals d'huile de table ont été complètement vidés. Il faut faire plusieurs commerces d'une commune pour en trouver un qui dispose encore de l'huile de table subventionnée, notamment des bidons de 5 litres. «Jusqu'à hier (samedi dernier, Ndlr) nos étals étaient pleins. On vendait les mêmes quantités que d'habitude, mais on a été surpris de voir les ménagères venir, paniquées, pour s'approvisionner en huile», rapporte le gérant d'une grande supérette dans la banlieue est d'Alger. Résultat des courses: il a vu, à l'instar de plusieurs de ses collègues, ses réserves s'épuiser en quelques heures. «Comme c'est le week-end, on n'a pas pu s'approvisionner chez nos distributeurs, ce qui fait que vous voyez nos rayons vides, comme en temps de guerre», soutient-il. Alors, que s'est-il donc passé' Où se situe la faille' En fait, il s'agit tout simplement d'une nouvelle fake news qui a pris de l'ampleur à travers les réseaux sociaux. «Il y a eu une prétendue vidéo montrant des citoyens à Mostaganem «se battre» pour de l'huile. Elle a été partagée par des mouches électroniques, qui affirmaient que c'était le résultat d'une grosse pénurie à l'ouest du pays», assure un spécialiste des réseaux sociaux. «Cette vidéo, qui, il faut le préciser, est ancienne, s'est propagée très vite sur Facebook.
Le «piège» du week-end!
Les Algériens ont alors eu peur de revivre le même cauchemar que l'an dernier. Ils se sont alors rendus, en masse, dans leurs commerces pour s'approvisionner», ajoute cet expert, qui révèle que des photos ont été partagées sur la Toile, montrant des citoyens avec des Caddys remplis de ce produit essentiel. Logiquement, donc, cette forte demande, qui est arrivée subitement, a provoqué une tension au niveau de certains commerces. Cela d'autant plus que la rumeur s'est propagée durant le repos hebdomadaire, ne laissant pas le temps aux commerçants de renouveler leurs stocks. Un piège! Ce qui a provoqué un effet boule de neige. Les consommateurs, qui voient les rayons de leurs supermarchés vides pensent naturellement que la pénurie est là. Ils le font savoir sur les réseaux sociaux, en quelques minutes «l'infox» s'est propagée dans les quatre coins du pays, ce qui a conduit à une «vraie» pénurie. C'est là le grand danger des fake news. Quand elles sont reprises en masse, elles peuvent devenir réelles, en utilisant la peur des citoyens pour se propager. Elles risquent même d'explose, se transformant en troubles sociaux. C'est la fameuse guerre de la 4e génération face à laquelle les hautes autorités du pays nous ont mis en garde. Quand on connaît le contexte géopolitique actuel, on peut vite deviner qui tente de mettre de l'huile sur le feu. Cela risque de brûler...


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