Algérie

Quand la police excelle dans la répression



La dernière marche des étudiants, à  Alger, confirme que le ministère de l'Intérieur et la DGSN ont donné des instructions bien claires aux brigades antiémeute : à  part l'utilisation des armes à  feu et bombes lacrymogènes, tous les moyens sont bons pour empêcher les étudiants de battre le pavé. La veille même de l'action de protestation à  laquelle avait appelé la Coordination nationale autonome des étudiants (CNAE), toutes les rues, ruelles et placettes de la capitale avoisinant le palais du gouvernement, la Présidence et la Grande-Poste – d'où devait s'ébranler la marche – étaient quadrillées par un gigantesque dispositif sécuritaire. Pour tester l'efficacité de leur dispositif de vigilance, les policiers ont arrêté deux étudiants en possession de quelques tracts de la CNAE, durant la journée du 1er mai.
Selon plusieurs témoignages de délégués des étudiants autonomes, plusieurs bus transportant les étudiants de plusieurs wilayas ont été empêchés d'atteindre Alger. «Des milliers de policiers ont assuré le bouclage complet de la capitale. Aucun coin n'a été épargné. C'était le cas de la place des Martyrs, la rue Larbi Ben M'hidi, la place de la Grande-Poste, la rue Didouche et le boulevard Mohammed V. Même les gares routières de Tafourah et de Caroubier n'ont pas été épargnées pat l'excès de zèle des policiers. Imaginez ! Même les bus universitaires ont été interdits de passer par Alger-Centre», a expliqué un étudiant de Bouzaréah.
Dès le début de la matinée d'avant-hier, les forces de l'ordre avaient la mainmise sur tout ce qui était aux alentours du point de départ de la marche, tel qu'annoncé par les organisateurs. «Les policiers ont procédé à  la fouille de centaines de jeunes, qui n'étaient pas forcément des étudiants, et vérifié leurs identités. Ils obligeaient les citoyens à  circuler et à  ne pas s'arrêter, quelle que soit la raison», précise un autre étudiant. Et d'ajouter : «Ils voulaient tout simplement nous isoler et nous tabasser à  huis clos.»
Dès leurs premières tentatives de marcher, les étudiants ont été confrontés à  une stratégie de dispersion appliquée par les forces de l'ordre. «Plus d'un millier d'étudiants ont pu quand même se rassembler devant la fac centrale, mais carrément encerclés par la police. Près de 5000 autres camarades ont été divisés en petits groupes et maîtrisés par les policiers qui les ont empêchés de rejoindre le rassemblement», a constaté un membre de la CNAE, agacé, avant de lâcher : «La police a réprimé violemment notre action tout en essayant de soigner son image devant l'opinion publique nationale et internationale.» «Les éléments antiémeute ont exercé une pression terrible sur nous. Ils ont mis en place un cordon de sécurité ; ils ont tabassé plusieurs de nos camarades. Les policiers tapaient sur leurs boucliers pour créer une diversion et assommer les manifestants à  coup de pied et de matraque dans des parties sensibles du corps», a-t-il encore lancé.
Par ailleurs, un délégué de la CNAE de l'université de Béjaïa a dénoncé des «agressions verbales perpétrées par plusieurs policiers contre les étudiantes et les étudiants pour les intimider et les humilier». Cet avis est partagé par un autre, du comité autonome d'Alger, qui affirme : «La police a voulu faire peur aux étudiants pour les dissuader de continuer le combat estudiantin légitime. Des policiers prenaient les noms des étudiants et les filmaient tandis que d'autres policiers en civil provoquaient les meneurs des étudiants.»
Pour répondre à  toutes ces accusations, le chargé de la communication de la DGSN, Djilali Boudalia, se dit «satisfait de la manière avec laquelle ont été gérées les actions de contestation estudiantine jusque-là». «Depuis le début du mois de janvier, les instructions du général Hamel sont claires : maîtriser les foules pacifiquement sans utiliser même pas les moyens conventionnels pour sauvegarder l'ordre public», a-t-il indiqué. «Les unités républicaines de sécurité sont formées pour contenir les manifestants sans les violenter. Nous avons évité au maximum la confrontation avec les étudiants. C'est une manière étudiée : laisser les étudiants exprimer leurs revendications puis les disperser», a martelé M. Boudalia. Concernant les éventuels dérapages des forces de l'ordre dénoncés par les étudiants, notre interlocuteur a donné ces éclaircissements : «Les blessures enregistrées des deux côtés ont été causées par les bousculades inévitables pour disperser la foule. Les violences verbales de certains policiers restent des cas isolés, punis par la DGSN. Pour ce qui est des vérifications d'identité, c'était pour empêcher les intrus de sévir malhonnêtement en profitant de la marche des étudiants, que nous respectons.» «Je ne détiens aucune information affirmant ou infirmant le blocage de bus d'étudiants venus d'autres wilayas», a-t-il conclu. 
 


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