Algérie

QUAND L'OUTIL DE VIE DEVIENT ARME DE LA MORT



Scène inouïe ! Au c?ur de la ville d'Oran un chauffeur de taxi enjoint par un policier de s'arrêter. Au lieu de s'exécuter, le chauffeur accélère et fonce sur le bougre de gardien de la paix, le renverse et s'enfuit. Stupéfaits, les passants observent l'agent se relever du sol en boitant désarçonné ne sachant pas trop que faire, tentant une gauche manipulation de son portable. Peine perdue, le véhicule s'évapore dans la nature. Rébellion caractérisée aux confins de la tentative de meurtre délibérée, le méfait étrangle la conscience. Le taxi n'a pas percuté seulement le policier jeunot qui n'avait rien à voir avec un Goldorak en bottes et motorisé, mais en fonçant sur le policier il a aussi et surtout renversé l'âme des passants, plongés dans le confinement très lourd par la charge des désagréments. Ce qui s'assimile à un crime perpétré par le chauffeur pris en défaut n'a absolument rien d'un geste fortuit commandé par un excès de colère et le moment de folie doit s'avérer être une large coulée de sens aux multiples facettes reconnues. Le taxi ne s'en est pas pris à un homme en faction seulement, mais il a tenté de culbuter l'Algérie entière et il a souillé son étendard désabusé. Le gagne-pain est sûrement malmené par une monumentale contrainte inconnue jusqu'ici et l'outil de subsistance soumis à se confiner se fracasse contre un virus en obligeant un chauffeur de taxi à faire sien ce qu'un animal a comme instinct primaire des plus sauvages et des moins contrôlables. D'outil noble de subsistance pour les humbles, il devient arme pour donner la mort de soi et des autres. Devant ce spectacle inattendu forçant le recul de la pensée et de la réflexion s'affichent dans l'esprit du passant tous les chapitres d'une vie pour se demander si elle méritait d'être vécue. A la faveur d'une terrifiante pandémie, le partage juste et intelligent de l'espace commun très contrarié et dénaturé enfle avec démesure le désarroi des gouvernants et des gouvernés. L'infortuné agent de l'ordre doit regretter dans un mélange de remords d'avoir fait sien l'uniforme de gardien de la paix. Il ignore dans sa sauvegarde providentielle que le passant a été lui aussi victime de la tentative de meurtre.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)