Algérie

Quand l'Italie séduit!



Au mois culturel européen, chaque soir qui passe, ne ressemble pas à l'autre. Chaque concert a sa patte et son empreinte musicale. Lundi soir, c'est l'Italie qui a eu l'insigne honneur d'ouvrir le bal avec la formation de Salim Dada qui donnera à voir et à écouter un spectacle de haute qualité.Une création baptisée «Waçlat al Ashwaq», écrite il y a près de quinze ans et revisitée à l'occasion du mois culturel européen sur invitation de l'ambassade d'Italie.
En ouverture des festivités, Salim Dada donnera un aperçu de deux morceaux rendant hommage au grand compositeur universel connu pour ses musiques de films, à savoir Ennio Morricone décédé il y a un an à l'âge de 93 ans.
Accompagné de Mehdi Djama au saxophone et lui à la guitare, le duo enchantera l'auditoire avec un premier extrait qui rappelle le film «La bataille d' Alger», sous le thème d'Ali la Pointe. Suivra un autre extrait intitulé «l'homme à l'harmonica». Place à la création «Waçlat al Ashwaq».
Un choeur qui chante avec le coeur
Le reste du groupe prend place sur scène. Il s'agit de Berkane Mekhademi au violon arabe, Habib Boumegouas au oud, Amina Mekkaoui à la contrebasse, Oussama Mebarka au riqq/tar et Hichem Boutahraoui au deff/derbouka. Aux côtés des musiciens on pouvait aussi apprécier durant la soirée les superbes voix d'un choeur masculin composé à la fois de Youcef Soltani, Abderrahmane Akrout, Ahmed Hadj Kouider et Reda Deriassa.
L'intro se fait douce par les effluves d'une guitare au relent méditerranéen. Il s'agit d'un taksim Nahawand. Un air qui se veut un peu andalou, qui rappelle «el tarab el aârabi» tout en douceur. S'ensuivra le morceau «Sama'i Ashwaq». Et le choeur d'interpréter «Ya hal Bakaitu», un texte d'Ibrahim Ben Ali El Hosri.
Le choeur est dirigé par Salim Dada qui chante chaque mesure de la chanson avec précision dans une mélodie arabe des plus raffinées. Place à un taqsim oud où le musicien fait montre de belles envolées lyriques avec son instrument.
Le rythme des chansons va crescendo. Il est plutôt fluctuant comme les vagues.
Le choeur donne à écouter et à apprécier un tempo profondément arabe. Passionnément oriental. Le ton se veut soufi à l'image d'un cercle vertueux qui tournoie sur lui -même pour épancher son âme et s'éprouver sur la durée.
Le choeur interprète également «Hal Dara dabiou el hima» d'Ibn Sahl, un poète andalou.
Le rythme s'accélère avec le morceau instrumental «Lunga Nahawand pour se relâcher à nouveau et faire place à une forme de mélancolie....
Les instruments fusionnant avec les voix, dialoguent à leur manière par leur jeu jusqu'à la frénésie qui finit par pousser le public aux applaudissement après avoir goûté à des instants de bonheur, pleins de féérie et de plaisir sensoriels.
En fait, trois poèmes sont chantés à travers lesquels le choeur tel un seul corps, dévoila davantage sa belle voix chaude et voluptueuse. On notera «Suqqa Jaybu-l-layl» de Safiyoueddine El Heli, puis «Djadaka-l- ghaithu» et enfin «Ma massa» d'un poète égyptien du XVe siècle.
L'ensemble clôt le récital avec une «refda» chaâbie rehaussée du son de la derbouka, au plaisir des présents.
Virtuosité en symbiose
Une façon de terminer le concert dans un joli lâcher prise tout en beauté et légèreté, qui dénotera d'une belle fin heureuse. «Je suis très content d'avoir pu reprendre cette «waçla» qui a été composée il y a prés de 15 ans. Cela n'a jamais été joué à Alger. J'ai trouvé propice de la mettre sur scène d'autant que l'année prochaine je vais rentrer en studio pour l'enregistrer. Donc c'est l'occasion de la préparer. Il n' y a pas mieux que de donner des spectacles pour faire murir un travail d'interprétation ou de composition.», nous confiera Salim Dada, dont la guitare est vraiment....son «dada»!. Aussi, quoi de mieux que de prendre aussi plaisir à jouer seul de son instrument pour sonder le goût du public.
Le partage étant le sens de cette soirée, Salim Dada prévoira aussi de donner l'occasion au violoniste et au joueur du oud ainsi qu'à un des chanteurs de laisser libre cours à leur maitrise technique des plus assurées, chacun dans son domaine. Musicien, compositeur et guitariste, Salim Dada a réussi aussi à diriger non sans baguette cette fois, mais avec les mains ses musiciens et au pied levé! Apres quelques jours de résidence enfermés au TNA, pour faire «ressortir le son d'orchestre», le résultat était là, impeccable et homogène. «Je suis satisfait par ce spectacle. Maintenant il faut qu'on en fasse d'autres. C'est primordial», nous confiera Salim Dada qui souhaite entamer une tournée avec cette formation, à travers le pays.


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