Algérie

Quand l'Europe chouchoute l'Algérie



Alger aura été le temps de deux importantes rencontres, un carrefour stratégique pour l'Europe. Il y a eu d'abord la France, dont la moitié de son gouvernement a fait le déplacement pour relancer un partenariat qui, au regard du contexte régional, est vital pour l'économie de l'Hexagone. À 24 heures d'intervalle, l'Union européenne a dépêché ses hauts fonctionnaires en vue d'une rencontre «ordinaire» dans le cadre d'un dialogue énergétique avec l'Algérie. Les deux événements, d'une portée politique certaine, ont été accompagnés de forums d'affaires qui ont vu la communauté d'affaires française, européenne et algérienne, plancher sur la possibilité de lancer des investissements mutuellement profitables. Dans tous les domaines d'activité pour les Français, dans l'énergie et précisément les énergies renouvelables, pour les Européens. Les motivations ne sont pas les mêmes, mais l'intérêt de nouer une coopération dense et pérenne anime la démarche de la France et de l'ensemble européen. La solvabilité, la crédibilité et le positionnement géostratégique de l'Algérie en ont fait un partenaire de choix.L'évolution géopolitique du moment, fortement impactée par la guerre en Ukraine, a rendu l'Algérie incontournable. Pour les Européens d'abord qui traversent une crise énergétique sans précédent. Traditionnellement alimentés en gaz par la Russie, beaucoup de pays européens, dont l'Allemagne et l'Italie, se retrouvent dans l'obligation de nouer de nouveaux partenariats pour se soustraire à l'emprise énergétique de Moscou. La 4e session du dialogue énergétique Algérie-Union européenne et le forum d'affaires qui a suivi tombent donc à pic pour engager un processus de collaboration gagnant-gagnant avec l'Algérie.
Disposant d'une importante réserve de gaz, dont les découvertes récentes et les optimisations de gisements existants lui confèrent une position de choix dans l'alimentation d'une partie de l'Europe en énergie, l'Algérie peut se targuer de revendiquer également un potentiel solaire le plus important au monde. Avec un taux d'ensoleillement le plus généreux de la planète, le pays est en mesure de produire de l'électricité solaire et de l'hydrogène vert, en quantités inépuisables. Les Européens sont conscients de cet apport énergétique propre et illimité à leur frontière sud. La seule option dont ils disposent est de lancer de grands projets de production d'énergie renouvelable, à même de mettre le Vieux Continent à l'abri d'une crise comparable à celle qu'ils vivent présentement.
La proximité de la ressource, la stabilité, le sérieux et la fiabilité du pays fournisseur constituent autant de facteurs rassurants pour les pays de l'UE. Ce sont également de véritables atouts dont dispose l'Algérie pour monter des opérations de transfert de savoir-faire et d'intégration de la chaîne de valeur pour devenir, au final, une gigantesque usine de production d'énergie propre et des éléments qui la composent. Le deal est à la portée de l'Algérie, en raison de la disponibilité de main-d'oeuvre bien formée, d'énergie bon marché et d'infrastructures. L'intégration de la filière industrielle des énergies renouvelables est aussi une affaire rentable pour les opérateurs européens pour les mêmes raisons. Des experts de renom ont déjà affirmé que l'Algérie pourrait être la pile électrique de l'Europe. Dans le contexte économique, géopolitique et historique du moment, la chose est envisageable et financièrement réalisable. Cela pour dire que le dialogue énergétique entre l'UE et l'Algérie peut très vite déboucher sur des actions concrètes et des projets lancés dans les plus brefs délais. On retiendra à ce propos les très intéressantes discussions entre les entreprises algériennes Sonatrach et Sonelgaz et leurs homologues ENI et Enel. Les Allemands sont très intéressés et devront aussi passer à l'acte.
Pour la France, le partenariat relancé, ces derniers jours, a une portée autrement plus profonde. l'Algérie et la France ont une revanche à prendre sur les lobbies colonialistes qui ont fait perdre 60 ans aux deux sociétés. L'intérêt des Etats est d'aller dans le sens de l'Histoire et forcer le passage, si besoin. C'est ce qui est en train d'être fait. Et cela passera par un partenariat dense et une alliance inédite entre les deux rives de la Méditerranée. Elle sera principalement concrétisée par des actes économiques majeurs qui scelleront une destinée commune éloignant des lectures conspirationnistes. L'Europe qui a besoin de l'apport de l'Algérie sur des décennies a besoin de cette alliance. Le Maghreb et l'Afrique, sur le perron de l'émergence économique en profiteront aussi. C'est pour cela que l'Europe chouchoute l'Algérie.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)