Hier, 21 personnes résidentes dans la zone-nord de Ghardaïa ont été mises sous mandat de dépôt pour, notamment, production et diffusion de documents incitant à la haine et détention d'armes blanches. La célérité avec laquelle la justice a réagi suppose que les services de sécurité ont été informés sur les velléités de ce groupe d'entreprendre une offensive contre la partie antagoniste. Ce qui serait de nature à enliser, à nouveau, la région dans les violences intercommunautaires. D'autant que depuis 1984, Ghardaïa ne cesse d'être secouée, épisodiquement, par des affrontements. La ville se divise pratiquement en deux entités, celle réservée exclusivement aux Mozabites et celle occupée entièrement par ce qu'on appelle communément "les Arabes" ou Chaâmbas. Le conflit entre les deux groupes ethniques est ancien. Il est né des dissemblances sociales et culturelles. D'un côté, une société mozabite hermétique pratiquant des codes sociétaux et culturels particuliers et, de l'autre, des Arabes malékites venus, progressivement, s'installer dans la vallée jusqu'à gagner une omniprésence, particulièrement dans l'administration locale. La cohabitation n'a pratiquement jamais été cordiale.Un sectarisme exacerbé, accusent les notables de la région, par la promptitude du parti unique (dans les années 1970/80) à favoriser les arabophones sur les Mozabites. Ce qui a conduit à une situation inextricable où la moindre étincelle sert de détonateur à de meurtrières confrontations. En 1985, un conflit autour d'un périmètre agricole entraîne la mort d'un Mozabite.En 1991, un Mozabite et son fils sont tués par des éléments du FIS dissous, en représailles contre la communauté qui n'a pas donné ses voix au parti islamiste aux municipales de la même année. En 2004, puis en 2008, de nouveaux affrontements entre les deux communautés ont eu lieu, parce que chacune voulait s'approprier la zone, Gar Ettine, riche en argile. En 2013, la région plonge à nouveau dans des heurts intercommunautaires qui vont durer des mois. En 2014 et 2015, un conflit foncier est aggravé par les différences religieuses entre Châambas sunnites et Mozabites ibadites.Un maillage sécuritaire serré est alors mis en place. Mais croire qu'on peut circonscrire l'incendie de Ghardaïa par le redéploiement massif de l'armée ne semble pas être la solution idoine. D'autant que cette prise en main sécuritaire est périodique. À chaque poussée de violence, des renforts sont envoyés, sans réussir à rétablir complètement l'ordre public, encore moins régler définitivement le conflit. Une situation d'une telle gravité aurait dû être prise en charge avec sérieux, dès ses premiers signes. Le pouvoir s'est longtemps muré dans un silence et une inaction préjudiciable, eu égard à l'ampleur des effets de cette crise sur l'unité nationale et la sécurité du territoire.Cette série d'arrestations pourrait à nouveau servir de déclencheur de troubles dont il est difficile de prédire l'issue, en l'absence d'une solution s'inscrivant dans la durée et surtout répondant aux attentes des uns et des autres.N. H.
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Posté Le : 08/12/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nissa Hammadi
Source : www.liberte-algerie.com