Algérie

Quand l'élu du peuple est à la merci de l'administration



L'administration n'est pas près de lâcher la bride aux élus locaux. Depuis quelques semaines, certains sont visés par des suspensions par les représentants de l'administration centrale.Un fait en passe de devenir récurrent. Ils sont, en effet, plusieurs élus aux Assemblées communales à être démis de leurs fonctions sur simple décision des walis. Si, dans certains cas, les walis recourent à ces décisions quand l'élu est poursuivi en justice, dans d'autres cas, en revanche, la suspension ne répond à aucun impératif judiciaire.
Et, parfois, des présidents d'APC sont démis de leurs fonctions uniquement pour des raisons politiques, selon les responsables des formations auxquelles ils appartiennent. C'est le cas, par exemple, de Béjaïa où le wali s'est empressé récemment de suspendre deux élus locaux. Il s'agit du P/APC de la station balnéaire de Tichy, suspendu le mois dernier pour avoir autorisé une association jugée proche du "mouvement indépendantiste, MAK".
Une accusation rejetée par le P/APC qui s'est défendu en mettant l'accent sur le strict respect de la loi. Avant lui, c'est le P/APC de la ville de Béjaïa qui a subi le même sort au début de l'année. En octobre dernier, c'est le P/APC d'Afir, dans la wilaya de Boumerdès, qui a fait les frais d'une décision de suspension à son encontre prise par le wali.
Pour le P/APC en question, la raison ne peut être que politique, puisqu'il est élu, a-t-il dit, sur une liste d'un parti de l'opposition. Hier, le P/APC de la wilaya de Béjaïa, M'henna Haddadou, a annoncé avoir été convoqué par la justice, pour le 22 décembre, en vue de comparaître pour les chefs d'inculpation d'"outrage à corps constitués" et "non-respect d'une décision de justice".
Une convocation qui serait liée à sa participation à une manifestation publique. "C'est une véritable chasse aux sorcières", dénoncent les élus et leurs partis. Mais à aucun moment, les autorités publiques n'ont donné de réponses aux multiples interrogations, somme toute légitimes, que se posent les élus, tout comme de nombreux citoyens.
Un représentant de l'administration est-il, en effet, habilité à prendre des mesures conservatoires à l'encontre d'un élu du peuple sur simple décision ' Si l'on excepte les élus poursuivis par la justice, procédure prévue par la loi, un wali a-t-il le droit de démettre de ses fonctions un élu pour des raisons politiques, comme accusent les partis ' Autant d'interrogations sans réponse pour l'heure. Mais dont on peut deviner qu'elles sont liées à la nature du système.
Un système qui ne peut visiblement s'accommoder de contre-pouvoirs autonomes qui échappent à son contrôle. Même dans le code communal, le volet relatif aux prérogatives des élus et à celles des agents de l'administration est bien défini.
Il est prévu, en effet, ce genre de suspension sur simple décision de l'administration centrale représentée localement par le wali ou le chef de daïra. En résumé, un élu du peuple demeure toujours ligoté et forcément assujetti aux "scribes" et autres "ronds de cuir".

Mohamed MOULOUDJ


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