«Les grandes
révolutions naissent des petites misères comme les grands fleuves des petits
ruisseaux.»1
Voilà treize
siècles - en 711 - que «l'Arabe» avait conquis l'Andalousie en y fondant un
grand califat d'où se propagèrent sciences, savoirs et savoir-vivre…, tel un
phare orientant les voiliers européens qui naviguaient en plein récifs de
l'obscurantisme. Tarik Ibn Zayad,
sûr, confiant et convaincu de son historique, juste voire sainte entreprise, brula - au grand dam de nos Haraga
- toutes les embarcations, ayant constitué sa flotte, pour forcer ses «marines»
à se métamorphoser en invincibles fantassins, condamnés à réussir leur conquête
! Ainsi, celui dont le nom «Gibraltar» détrôna le «Mont de Calpé» lega, sans
droit d'auteur, un discours que tout un Che Guevara conserverait jalousement
dans le plus précieux de ses comptes inépuisables «l'ennemi est devant vous, et
la mer est derrière vous, vous n'avez d'autres alternatives que de vaincre ou
mourir. Me suivrez-vous ?...».
Autres temps,
autres mÅ“urs !, peuvent être tentés, les fans du
raccourci au fastfood, de brandir tel un argument
irréfutable - à même de délivrer le fortuné «infortuné» DSK de son infernale et
indécente descente labyrinthique !- Mais ne dit-on pas communément que
l'histoire se renouvelle…
Evoluant à partir
de la désertique et «insignifiante» péninsule d'Arabie, les précurseurs de
Moussa Ibn Noussayr, et après avoir conquis l'Egypte
pharaonique, débarquèrent en Andalousie après une halte d'édification du nord
de l'Afrique. Ils donnèrent naissance à l'une des plus belles civilisations de
l'Islam qui régna sur la «tête» de l'Europe plus qu'avait, l'empire romain
d'occident, régné sur son «pieds» !
Loin de Cheâayeb Lekhdim, quoique imprégné - à partir de sa «périphérie» à la Sidi Bouzid
- de la culture des «centres», autre que celle, abrutissante, qui lui inculqua
son appartenance à «ses» ancêtres gaulois, l'idée malencontreuse de s'hasarder
dans un terrain réservé aux initiés de l'histoire des civilisations. Néanmoins,
tout esprit, non rongé par un parcours de combattant réservé exclusivement à
farcir les tubes digestifs, rangé au sein de la foule anonyme d'une plèbe
défaitiste face aux Rambo et Terminator et dérangé
par «l'invincible» petit moustique qui atterrit sur son monotone actualité à
mille et une fissures, aurait - autant qu'en emporte le vent - eu vent d'un air
des temps anciens et futurs analysant les civilisations et leurs usures «Les
Byzantins ont été vaincus, dans la contrée voisine, et après leur défaite, ils
seront les vainqueurs, dans quelques années. La décision finale, aussi bien
avant qu'après, appartient à Dieu, et ce jour-là les croyants se réjouiront du
secours de Dieu, qui accorde la victoire à qui Il veut, car Il est le Tout-Puissant, le Tout-Compatissant.
C'est là une promesse de Dieu, et Dieu ne faillit jamais à Sa promesse, bien
que la plupart des hommes ne le sachent point»2 !?
Beaucoup d'eaux
«civilisatrices»3 coulèrent sous les ponts des malchanceux héritiers de
l'Alhambra, métamorphosés en «indigènes» à assujettir comme de profitables
bras, avant de se voir - encore une fois - leurrés par des «Zaïms»,
faussement réconfortés par l'éphémère illusion de «Notre Ami Benali» et des «Notre Allié Stratégique»…, qui vendaient,
sous un look perpétuellement rajeuni, avec bonus à la Hammamate
et Charam Echeikh, dans un
troc vampirisé, l'alternative dichotomie de rassurante dictature et
terrorisante démocratie. Secoués, tels des pistachiers offrant ses primeurs,
par le journaliste à la sandale, et régénérés par les feux de la mort de Bouazizi, les descendants des conquérants de l'Andalousie,
durent lancer leur reconquête dans l'itinéraire inverse de celui emprunté,
voilà quelques siècles «seulement», par leurs ascendants !
En effet, à
l'opposé du cheminement d'Oqba Ibn Nafi, le printemps arabe a éclos du nord de l'Afrique, au
pays du Jasmin, pour reconquérir la place du Tahrir
de l'Egypte du dernier pharaon, et atterrir dans la péninsule de l'Arabie, au
Bahreïn et la place du changement au Yémen…Pour qu'ensuite, ironie de
l'histoire, reconquérir le cÅ“ur de la capitale espagnole, la Puerta
del Sol, avec comme étendard « de Tahrir
à Madrid, au monde, world revolution »4, au point où des
étudiants comme Pablo Padilla5 assuraient « Les révolutions dans les pays
arabes ont démontré que l'action collective peut cristalliser le changement»6…
!
Sommes-nous en
train de vivre, en film rembobiné, le come-back de l'Arabe sur la scène des
«Grands», sans tomber dans l'euphorique tentation du Mehdi l'Attendu, en
faisant, sur les pas des ancêtres civilisateurs, le chemin à l'inverse !?
Il est vrai qu'Obama, qui l'a lui-même reconnu dans son discours au
département d'état le 19/05/2011, ne se serait jamais vu investir, lui un noir,
le bureau ovale de la maison blanche - bien qu'il soit toujours contraint à
ménager une pesante et opposante AIPAC -, si son ascendant Martin Luther King
ne l'y avait intronisé par son célèbre discours «I have a dream»
prononcé le 28/08/1963 devant le Lincoln Memorila…Cependant,
la marche n'a jamais cessé d'alimenter les esprits épris de liberté et avides
de justice, quoique professent, dans leur e-G87, les puissants, impuissants
devant le printemps arabe au point où l'inaugurateur lança aux industriels de
l'internet, arme devenu désormais redoutable pas
seulement pour nos «Zaïms», entre autres, «Nous avons
besoin de comprendre vos attentes vos aspirations, vos besoins. Et vous avez
besoin d'entendre nos limites, nos lignes rouges» ou encore «Ne laissez pas
s'installer de nouveaux monopoles là où vous avez renversé des situations
acquises qui paraissaient inébranlables.»8 !
La révolution de
l'Arabe saura-t-elle, cette fois-ci, reconquérir, au-delà de Poitiers, de nouveaux
fidèles parmi «la racaille», «les voyous», les banlieusards, les 30% de BB9
contre 70% de B10, les pratiquants de leur culte sur les trottoirs et les
«enveloppées» dans un pays laïc développé…,ces «français» qui peinent à vivre
leur identité, reconnue par la constitution affichant non sans utilité, loin de
la sainte trinité, «liberté, égalité, fraternité». Car à en croire,
dubitativement diriez-vous !, Louis-Ambroise
de BONALD : «La liberté, l'égalité, la fraternité ou la mort, ont eu dans la
révolution une grande vogue. La liberté a abouti à couvrir la France de prisons ;
l'égalité, à multiplier les titres et les décorations ; la fraternité, à nous
diviser ; la mort seule a réussi.»11 ?
Enfin, il est
tout à fait évident qu'il ne suffit pas à «l'éminent» philosophe BHL de
défendre, sous les projecteurs d'une éphémère voire illusionniste célébrité, un
bombardement d'un pays souverain ou une présomption d'innocence d'un «puissant»
DSK face à une «insignifiante» plainte d'une «quelconque» femme de chambre, il
faut, en intellectuel «éclairé», plaider plutôt pour une image universelle de
l'humanisme, tout comme l'ont défendue, au XII siècle Ibn Jawzi
(1114-1201) dans «La
Pensée Vigile» et, quatre siècles après, Montaigne
(1533-1592) dans «Les Essais»… !
«Surtout, soyez
toujours capables de ressentir au plus profond de votre cœur n'importe quelle
injustice commise contre n'importe qui, où que ce soit dans le monde. C'est la
plus belle qualité d'un révolutionnaire.»12
* Universitaire
Notes :
1- Victor Hugo -
1802-1885 « Choses vues», Histoire, Œuvres complètes, Robert Laffont - Bouquins
1987, p.799
2- Coran, S XXX,
V 2, 3, 4, 5,6
3- La loi du
23/02/2005 faisant l'apologie des «bienfaits» de la colonisation
«civilisatrice» de la nation dont la révolution de 1789 se vanta d'avoir légué
«La déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen».
4- Banderole, en
lettres noires, préparée par un groupe de la «Spanish
revolution», rassemblés avec plus d'un millier de
manifestants, au cÅ“ur de Madrid, à partir du 17/05/2011
5- Jeune de 22
ans, étudiant - à juste titre - en Anthropologie
6- Information
rapportée par Daniel Silva de l'AFP, QO du 22/05/2011
7- Sommet «e-G8»
des puissants du G8, inauguré ce mardi 24/05/2011 à Paris par le président
français en présence du gratin de l'internet mondial
8- Citations
extraites du discours du président français devant le sommet «e-G8»
9- Blacks, beurs
10- Blancs
11- Louis-Ambroise de BONALD, Œuvres complètes t.3 / Paris, J-P
Migne 1859, «Pensées», p.1311
12- Ernesto Che Guevara - 1928-1967
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Posté Le : 26/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : B Khelfaoui *
Source : www.lequotidien-oran.com