Hans Blix, c'était, souvenez-vous, le
prédécesseur de Mohammed El-Baradai à la tête de
l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA). A ce titre, il avait
été investi par l'ONU de la mission d'établir si l'Irak de Saddam Hussein
détenait effectivement des armes de destruction massive, voire la bombe
atomique, comme l'en accusait l'administration Bush, alors aux commandes de
l'Amérique. Son rapport, basé sur les enquêtes menées par le staff d'enquêteurs
placés sous son autorité, avait catégoriquement infirmé les accusations
américaines, ce qui lui a valu la tenace rancune de l'équipe Bush et le veto US
à sa reconduction à la tête de l'AIEA.
Ce Norvégien intègre et droit dans ses bottes vient de se rappeler au
souvenir de la communauté internationale en émettant un point de vue sur la
crise iranienne, qui ne va pas atténuer la rancÅ“ur à son égard outre-Atlantique.
Hans Blix estime en effet qu'une guerre contre l'Iran,
au prétexte de lui faire stopper son programme nucléaire (dont il n'est pas
prouvé qu'il ait une fin militaire), n'atteindra pas
cet objectif. Pour la raison, selon lui, que, confrontés à cette humiliation, le
peuple iranien fera bloc autour de ses dirigeants qui poursuivront ainsi ce
programme jusqu'à son aboutissement : doter le pays de la force nucléaire.
Blix suggère
d'aborder autrement la crise ouverte par le programme nucléaire iranien. A
savoir que la communauté internationale travaille à faire du Moyen-Orient une
zone dénucléarisée. Ce qui sous-entend qu'il faut d'abord faire renoncer à leur
arsenal nucléaire les Etats de la région qui en disposent. Donc mettre sur la
table des négociations le démantèlement de celui de l'Etat d'Israël. La course
à l'armement nucléaire dans le Moyen-Orient ne peut être stoppée, selon l'ex-directeur
général de l'AIEA, sans qu'il en soit ainsi, car d'autres pays de la région que
l'Iran s'estimeront en droit d'accéder à la dissuasion nucléaire pour se
prémunir contre le ou les voisins qui en disposent. Ce n'est, estime Hans Blix, qu'en faisant du Moyen-Orient une zone dénucléarisée
qu'il sera possible d'obtenir des Iraniens qu'ils renonceront à une application
militaire pour leur programme atomique.
La proposition n'est pas nouvelle. Individuellement ou dans le cadre de la Ligue arabe, des Etats de la
région l'ont formulée et se sont vus opposés au refus américain de
l'intégration du cas israélien dans le projet de dénucléarisation avancé par
eux. Mais venant cette fois de Hans Blix, qui sait de
quoi il parle, elle met l'Amérique en mauvaise posture sur la crise iranienne. En
la rejetant, les Etats-Unis font la preuve qu'en cette affaire, ils se soucient
avant tout de la sécurité d'Israël et du maintien de son hégémonie militaire
sur la région.
Décidément, Hans Blix a la sacrée manie de se
mettre en travers des desseins inavouables américains. Il ne faut pas s'étonner
qu'il fasse l'objet d'une campagne aux fins de le discréditer aux yeux de
l'opinion internationale. Ceux qui s'en chargeront fouilleront les poubelles et
ne reculeront devant aucun coup bas pour le ternir, à commencer par celui qui
en fera un antisémite de la pire espèce.
Hans Blix n'a fait que suggérer ce que lui
inspire la raison. Sauf qu'à Washington et à Tel-Aviv, la raison, c'est celle
que donnent la puissance militaire et le droit auquel
celle-ci ouvre d'agresser quiconque à la prétention de vouloir leur résister.
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Posté Le : 19/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kharroubi Habib
Source : www.lequotidien-oran.com