Algérie

Quand France 3 invite Samraoui…



D’abord une évidence : l’assassinat de l’opposant André-Ali Mecili en 1987 à Paris n’a jamais été rangé dans la catégorie des faits divers. Ses fonctions au sein du FFS, son rôle dans le rapprochement entre Aït Ahmed et Ben Bella, les deux principaux opposants au régime du parti unique d’alors, le plaçaient, à l’époque, dans la ligne de mire du pouvoir.
Ensuite, l’empressement avec lequel les autorités françaises ont expulsé le meurtrier présumé, via Bruxelles, semble-t-il, ne laisse  pas de place au doute quant au caractère politique de l’assassinat. Dans cette hypothèse, le meurtrier présumé est seulement le dernier maillon d’une organisation. Pour autant, faut-il accabler un suspect que bien des indices mettent à l’écart du scénario ? C’est dans cette voie que s’obstine l’ex-officier Mohamed Samraoui, réfugié en Allemagne où il était en poste jusqu’en 1996.
Interrogé lundi soir par la chaîne de télévision France 3, il a maintenu ses accusations contre le diplomate Mohamed Ziane Hasseni, inculpé et placé sous contrôle judiciaire à Paris. Une caméra de France 3 semble s’être incrustée dans le  tribunal de Paris pour saisir des images du chef du protocole au ministère algérien des Affaires étrangères.
Projetées à Mohamed Samraoui, ce dernier a affirmé reconnaître en lui le nommé Rachid Hassani qui est visé par un mandat d’arrêt international. Le mandat a été justement délivré après les accusations de l’ex-officier affirmant avoir été témoin d’une scène où s’est négocié le contrat de liquidation de M. Mecili. Avant les images de France 3, des photos publiées par le journal électronique Médiapart ont été présentées à Mohamed Samraoui. L’individu qu’il avait identifié dessus comme étant M. Hasseni était une autre personne. Et la démonstration en a été faite par la défense lors de l’audience du 1er septembre, selon Me Jean-Louis Pelletier.
Dans cette affaire, l’ex-officier a revêtu la toge du procureur. N’est-il pas guidé par un souci de sauver sa parole et sa respectabilité de nouvel opposant à ses anciens chefs hiérarchiques ? Au risque de compromettre un innocent ? C’est ce qu’il y a lieu de craindre. Avec d’autres opposants, Mohamed Samraoui a lancé un mouvement politique au nom de Rachad. Dans son ouvrage signant publiquement sa rupture avec son service d’origine et son passage à l’opposition, l’ex-officier a accablé l’ambassadeur d’Algérie à Bonn. Une rancune tenace suintait de son propos. C’est à Bonn que M. Hasseni est ensuite arrivé au poste de consul général. Une affectation qui le mettait naturellement en relation avec l’ambassadeur, un collègue avec qui il aura de bonnes relations. Avant de rejoindre le ministère des Affaires étrangères, M. Hasseni a été directeur de la résidence Al-Mithaq, puis directeur à la présidence de la République de toutes les résidences d’État. Ses relations avec l’armée semblent s’être limitées à ses années de service militaire.
Un autre officier en rupture de ban continue de voler à son secours. Hicham Aboud a affirmé, hier encore, que Hasseni n’avait rien à voir avec l’affaire Mecili.


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