Algérie

Quand France 2 fait de la publicité aux djihadistes



Quand France 2 fait de la publicité aux djihadistes
France 2 est sans doute la télévision française qui offre la chance aux peuples de s'exprimer et cela quelle que soit sa tendance. Et c'est dans ce contexte qu'un documentaire Au nom du père, du fils et du djihad a été diffusé avant-hier sur la télévision publique. Ce documentaire émouvant et passionnant raconte l'itinéraire d'une famille franco-syrienne, les Ayachi. Bassam, le père, s'est installé en France à la fin des années soixante. Cet homme érudit a épousé une Française, bientôt convertie, avec laquelle ils élèveront leurs enfants dans la religion musulmane. Quand la révolution éclate en Syrie, le fils aîné Abdelrahman, et, plus tard, son père Bassam partent sur la terre de leurs ancêtres faire le djihad contre Bachar el-Assad et Daesh. En Syrie et en Belgique où vivent les autres membres de la famille, le réalisateur Stéphane Malterre filme durant trois ans le destin controversé des Ayachi, marquée par des événements tragiques. Une histoire émouvante de 2 heures marquée par les images de guerre et d'émotion avec en première ligne «le chef» de cette famille, l'imam Bassam, avec sa sagesse et sa folie. Diffuser ce genre de documentaire dans un contexte de guerre contre Daesh coïncidait beaucoup avec la ligne de la chaîne. Mais en même temps, il présentait des rebelles syriens qui luttent contre le pouvoir en place. Le film est politiquement correct pour la chaîne publique, mais ne laisse pas indifférent quant à sa position éditoriale. Déjà lors de sa présentation au dernier Festival international des programmes audiovisuels (Fipa) en janvier à Biarritz, le documentaire de Stéphane Malterre Au nom du père, du fils et du djihad avait déstabilisé beaucoup de festivaliers français. Car il faisait la propagande pour un imam et pour une famille française musulmane presque radicale. La question des journalistes et des spectateurs était de savoir comment filmer les djihadistes sans prendre le risque de faire de la propagande pour Daesh. Sur ce plan-là, le discours de Bassam est clair et son français parfait faisait bien passer le message. Il est aussi évident que le film de Stéphane Malterre qui intervenait juste après les attentats du 13 novembre 2015, n'avait rien à voir avec le documentaire salafiste, réalisé par François Margolin et Lemine Ould Salem qui offrait, sans sous-titres et sans commentaires, une publicité pour les chefs salafistes de l'Afrique subsaharienne. Visiblement, le documentaire de Stéphane Malterre se distingue par une prise de distance et des contrechamps qui le préservent de toute simplification et de toute forme de propagande non maîtrisée, affirment les spécialistes. Dans le film très prenant, le journaliste suit d'abord Abderrahman Ayachi, qui, à la tête d'une milice de six cents combattants, part à l'assaut d'une forteresse tenue par l'armée syrienne. Après un échange de tirs, il est fauché par un mortier devant la caméra du journaliste. De retour en France, Stéphane Malterre rencontre sa famille. D'abord le père, un imam suspecté d'être le numéro deux d'Al-Qaïda, la mère, étudiante convertie à l'islam dans les années 1980 et les frères. Apprenant la mort de son fils, le père part en Syrie poursuivre le combat. Stéphane Malterre le suit et le filme sur les terres de ses ancêtres à Idlib où il devient le juge et applique la chari'a, tout en combattant le régime de Bachar Al-Assad et Daesh. Un documentaire passionnant qui nous montre la distance parfois courte entre la passion et l'engagement.[email protected]/* */


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