Quand elle se conjugue à l'incompétence...

Analyse - S'il est difficile de décortiquer le phénomène de la bureaucratie et de la radioscopier, on peut tout au moins en identifier les différentes sources, et elles sont nombreuses à l'évidence.
Par quoi se manifeste ce fléau en général ' Par des comportements quotidiens qui ont fini par être banalisés via la routine. Cela commence par l'employé lambda. Il est continuellement absent de son bureau, au mieux arrive toujours en retard. Et cela fait perdre du temps, beaucoup de temps à l'usager ou à l'administré qui a besoin de ses services. C'est souvent pire pour son chef qui reçoit rarement les citoyens pour ne pas avoir à traiter leurs problèmes et qui se réfugie derrière une porte capitonnée ou sa secrétaire.
Pour éloigner les importuns, cette dernière arguera de tous les prétextes pour justifier l'absence de son supérieur. Ces excuses, à force d'être répétées et galvaudées, sont désormais connues : il est en réunion, il est sur le chantier, il est enrhumé, il a pris quelques jours de récupération, il est chez le DG, il est à l'extérieur, il est absent, il est en tournée, il est en inspection, il a un décès dans la famille, il est en stage ou il est à l'étranger. Et si le citoyen se méfie comme de la peste aujourd'hui de son administration c'est parce qu'elle n'a jamais fait preuve d'écoute à son égard, n'a jamais tenté de se rapprocher de lui ni de prendre ses préoccupations à charge au sens engagé du terme. Prenons l'exemple de l'état-civil.
Dans certaines communes, tous les noms donnés aux nouveau-nés sont acceptés car il s'agit d'un choix individuel et souverain, dans d'autres seuls les noms officiels sont autorisés.
Il y a des guichets où les employées, en général jeunes filles recrutées dans le cadre du filet social, font pratiquement la pluie et le beau temps au vu et au su du public et même de leurs chefs. Et si un citoyen lésé élève légèrement la voix, elles quittent leur poste en laissant en plan leur chaîne et vont se réfugier pour bouder quelque part au fond d'un bureau isolé.
Les prénoms sont en général mal orthographiés sur les extraits de naissance, Zoheir par exemple devient Zoubir et lorsque les guichets s'occupent des passeports c'est quasiment la catastrophe au point que pour changer le moindre iota de ces pièces officielles il faudrait, soit refaire le passeport, soit saisir la justice.
Ce petit exemple vous donnera une idée de l'épaisseur de cette bureaucratie surtout quand elle est encouragée par une bonne dose d'incompétence. Deux frères âgés de 30 et 32 ans se sont fait établir des passeports à un mois d'intervalle l'un de l'autre. Ils habitent à la même adresse, donc la même rue et le même quartier, à la rue Johnner la Tour à Bel Air.
Dans le premier document l'adresse est ainsi portée : rue Djean Nher Latoure et dans le second : rue Djounar Biller...
Sans commentaire...