Quand c'est l'homme qui prend les coups !

Ça a beau paraître surréaliste, les choses n'en sont pas moins telles qu'on les raconte. La violence n'est pas le domaine privilégié des hommes, même si la maltraitance conjugale n'est pas vécue pareillement lorsqu'elle cible les hommes et que les coups s'abattent sur le genre masculin plutôt que sur les femmes. Je ne veux pas avoir l'air de tomber des nues devant pareilles affirmations, mais je dois avouer être surprise par la façon dont les faits sont traités.Les promoteurs du patriarcat et de la force dévolue aux seuls hommes ont conditionné les femmes à ne comprendre la violence qu'à travers ce qu'elle renvoie par le biais de ceux auxquels la nature est censée avoir confié le contrôle absolu lorsque la question du pouvoir se pose avec insistance. Le rôle de bourreau n'a jamais été admis comme tel chez les femmes. Il n'est pas reconnu comme relevant d'un ordre naturel des choses.
C'est tabou. On n'en parle pas, mais en l'écoutant se confier et décrire les faits une fois le choc passé , dans des détails étonnamment identiques, la victime, qu'elle soit féminine ou masculine, fait des révélations sur le comportement de l'agresseur tout à fait familières, proches de ce que nous avons pour habitude de dénoncer lorsque les coups sont portés aux femmes. Pourquoi, lorsque c'est un homme qui se fait battre par sa compagne, devrait-on estimer cela plus grave que quand c'est ce dernier qui massacre son épouse ' On sait, en moyenne, combien de femmes succombent sous les coups de leur conjoint. Combien sont-ils à perdre la vie dans les mêmes conditions ' Et pourquoi a-t-on du mal à imaginer qu'un homme puisse se faire battre ' Ils sont très peu à déposer plainte ou même oser en parler.
Des hommes battus et la gêne qu'ils ont à parler d'atteinte à leur virilité, prisonniers d'une réalité si peu médiatisée. Des photos de femmes battues sont souvent mises en ligne. Presque jamais celles d'hommes dans une même détresse. Ils souffrent en silence des mêmes angoisses. Des meurtres de maris par leurs femmes ' On ne dépose pas plainte parce que l'on n'arrive pas à admettre sa vulnérabilité et que l'on n'a pas envie d'être regardé comme tel.
M.?B.?