Algérie

Quand Benmeradi soulève un vrai problème



Cette approche a causé un triple préjudice pour l'Algérie, a déploré le ministre.Le séjour d'une délégation du Medef (patronat français) en Algérie cette semaine a coïncidé avec une déclaration très osée du ministre du Commerce Mohamed Benmeradi, à savoir la dénonciation du non-investissement des opérateurs économiques en amont en Algérie. La France qui représente le premier pays étranger investissant en Algérie en dehors des hydrocarbures est très concernée par ce constat. En effet, les opérateurs économiques français ont toujours été adeptes de tout importer pour monter leurs projets ou pouvoir produire en Algérie. Cette approche a causé, selon le ministre du Commerce, un triple préjudice pour l'Algérie. «Elle a privé d'abord l'Algérie d'un savoir-faire, donc d'une production nationale. Ensuite des revenus pouvant être générés par des exportations de ces produits. En outre, ce recours systématique à l'importation a toujours favorisé la fuite de la devise vers l'étranger», a laissé entendre le ministre. Cette culture a fait, fera savoir par ailleurs le ministre, que la balance commerciale de l'Algérie est déficitaire depuis plusieurs années. Et d'indiquer «que le tarif douanier qui contient 99 chapitres, en compte 95 déficitaires avec tous les pays du monde, y compris les pays arabes». Mohamed Benmeradi qui ne cache pas que le gouvernement a une part de responsabilité dans cet état de fait, étant donné qu'il a permis, voire favorisé cette approche durant les années de l'aisance financière, indiquera que cette situation ne sévira plus. «Le temps est venu pour les opérateurs économiques d'apprendre à investir en amont», dira-t-il, en soulignant que l'annulation de la suspension des importations n'est pas à l'ordre du jour. Par ailleurs, et selon des spécialistes en économie, l'investissement en amont est la raison du succès de toutes les économies. Pour preuve, de nombreux pays, à l'image de la Chine et du Japon, sont passés grâce au respect de cette règle de pays importateurs à pays exportateurs, soulignent-ils. L'obligation d'investir en amont a permis en effet à ces pays, indique-t-on, de s'approprier la production de plusieurs produits. Mieux encore, de se tourner vers l'exportation. Pour les spécialistes, les avantages de l'investissement en amont ne se limitent pas uniquement à la satisfaction des besoins du marché local et à l'exportation, mais se répercutent aussi positivement sur la création d'emplois dans un pays et la consolidation de la souveraineté économique. A ce propos, il faut dire que l'une des raisons ayant poussé les opérateurs économiques étrangers ou nationaux à négliger l'investissement en amont en Algérie, est le fait que le marché algérien est grand et ne souffre pas de la concurrence. «Le fait de satisfaire ce marché «gourmand» est déjà pour ces derniers, «les opérateurs ndlr» un exploit», relèvent des économistes, en dénonçant que le gouvernement a longuement applaudi le fait de ne pas importer des marchandises de l'étranger. «Le gouvernement a oublié naïvement durant toutes ces années que le véritable exploit est d'arriver à ne pas importer des intrants», regrettent-ils. «Le gouvernement, certes, a fini par se réveiller et se rendre compte des dangers de cette politique, particulièrement en ce qui concerne l'industrie automobile, en instaurant désormais un cahier des charges, à la fois pour la fabrication des pièces détachées et pour l'assemblage, pour favoriser le taux d'intégration national, mais ce réveil demeure insuffisant», mentionnent les spécialistes. Car l'Algérie, faute de cet investissement en amont dans les autres activités, reste toujours dépendante des importations. «La meilleure preuve est le fait que plusieurs usines se trouvent, depuis l'interdiction de l'importation de certains intrants, à l'arrêt», font-ils remarquer. La fermeture des usines a causé, faut-il le relever, l'augmentation des prix de plusieurs produits. Pis encore, dans certaines wilayas du pays, des citoyens ont fait part même de l'indisponibilité de certains produits. Le comble est que parmi ces produits figurent des boissons gazeuses et des jus. Deux produits que les opérateurs économiques auraient facilement mis en abondance sur le marché s'ils avaient investi dans la transformation. L'Algérie est l'un des pays qui compte le plus d'arbres fruitiers en Méditerranée.


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