Algérie

Qu?est-il attendu du maire que nous avons élu ?



Le département de l?Intérieur et des Collectivités locales, en collaboration avec l?Université de la Formation Continue, vient de lancer un cycle de mise à niveau destiné aux présidents des Assemblées Populaires Communales nouvellement élus. Regroupés autour de huit thèmes généraux et près de dix-huit sujets de discussions, les apprenants au nombre de 1.541 « ingurgiteront » 10.000 heures de formation dans huit centres régionaux. Les sujets aussi divers que disparates iront de l?urbanisation à la fiscalité locale, à l?état civil, aux zoonoses (terme désignant les maladies transmises par l?animal).L?intention louable ne peut être que généreuse, mais a-t-on mesuré la débauche d?énergie et de temps que nécessitera une opération d?une telle envergure ? Lors de la campagne électorale ne disait-on pas que les critères de choix des édiles se sont faits sur la compétence et le niveau de formation et que les détenteurs de diplômes gradués et post-gradués représentaient plus de 60% de l?ensemble des nouveaux élus ? Près de cinq mois se sont écoulés depuis l?investiture, soit le 1/12 du temps que durera le mandat. Il demeure, cependant, une ou deux questions qu?il faille se poser en prenant toutefois la précaution de se démarquer de l?empêcheur de tourner en rond. Est-ce que cette population spécifique a été interviewée pour que le besoin de formation soit dûment exprimé et dans quelle mesure a-t-elle souhaité combler d?éventuelles lacunes ? L?expérience menée jusque-là par certains secteurs, notamment en matière de post-graduation spécialisée (PGS), ne semble pas avoir répondu aux attentes. Celle-ci a peut-être amélioré le sort des apprenants mais pas celui du service qui espérait bonifier ses scores de performances. Aussi, le scepticisme ne peut être que légitime. N?aurait-il pas mieux valu utiliser les technologies de l?information et de la communication que nous offre l?Intranet pour créer un réseau informatif et de communication avancée ? C?est en pareilles occasions que les opportunités de mise à jour sont inaugurées et les méthodes surannées de travail remisées. Laissons sciemment errer l?esprit et posons-nous une ou deux autres questions. A-t-on, par cette opération d?envergure nationale, suggéré la disqualification de cette autre grande collectivité locale qu?est la wilaya dont l?une des missions cardinales est l?animation du développement local ? Le Cabinet de certaines grosses communes ou le Secrétariat général du reste des communes ne sont-ils plus la mémoire de l?institution communale pour que son chef de l?exécutif subisse sa propre formation ailleurs ? Ce président d?assemblée populaire communale « formé » serait-il la panacée aux maux dont souffre la commune ? Ne faut-il pas envisager la refonte de tout le système communal et l?adapter aux exigences du moment et aux caractéristiques socioculturelles nationales et pourquoi pas régionales ? Le maire du Nord reçoit ses administrés dans ses bureaux, celui des Hauts Plateaux et du Sud chez lui; un particularisme dont il n?est pas tenu compte présentement. Serions-nous toujours condamnés à imiter l?administration de l?occupation coloniale, qui a d?ailleurs changé le fusil d?épaule depuis mai 68 ? Il n?y pas à l?évidence de prémisses qui peuvent suggérer une volonté de changement. Deux collectivités locales dont les missions sont certes différenciées mais toutefois complémentaires sont gérées diamétralement à l?opposé l?une de l?autre. La wilaya qui est dotée d?une assemblée délibérante tout comme la commune, est dirigée par un chef exécutif nommé par l?Etat, la commune, par contre, son chef de l?exécutif est issu de l?assemblée. Et c?est certainement là où réside toute la problématique à laquelle il faudrait bien répondre un jour. L?on me dira pompeusement que le pouvoir appartient au peuple et qu?il est tout à fait naturel qu?il revienne à l?élu de gérer les affaires de la cité.Il s?est trouvé malheureusement des élus qui se sont transformés en « despotes » impénitents sans qu?il y ait des voies de recours pour les déloger de leur « tour d?ivoire ». Dans certains cas, il a fallu attendre la fin du mandat pour les déloger de leur forteresse, mais le crédit entamé et le préjudice subi sont souvent incommensurables. Magnanime, on se rassérénera à l?approche de la nouvelle mandature en faisant contre mauvaise fortune bon coeur. Et tourne la roue de la vie ! Ce surhomme que nous allons former, sera-t-il le seul à pouvoir supporter le lourd fardeau des tâches quotidiennes dévolues à chacun des membres de l?exécutif, ou devra-t-il jouer plutôt le rôle de régulateur au sein de la composante élue ? Il ne faut surtout pas perdre de vue que la mosaïque partisane que constitue l?actuelle assemblée, où la convergence de points de vue n?est pas toujours évidente en dépit des envolées discursives de façade, n?est pas faite pour harmoniser les rapports.Les crocs-en-jambe sont dans ce contexte précis de bonne guerre et vivement recommandés; l?intérêt général pourra toujours attendre. Il ne serait pas inintéressant de savoir, s?il a été procédé à une homogénéisation des groupes de communes qui rencontreraient les mêmes problèmes ou qui auraient des similitudes sociologiques, géographiques ou autres pour suggérer des ébauches de solutions. Nous pensons que les problèmes de la commune de Oultem n?ont aucune similitude avec ceux de la commune de Raïs Hamidou. Il est fort probable qu?un problème que soulèverait la commune de Bordj Ben Azzouz, ne sera même pas évoqué dans la commune d?El-Hamdania, parce qu?il n?existe pas. Selon certaines sources crédibles, il a été identifié cinq niveaux de formation, ce qui suppose une stratification des connaissances à inculquer aux uns et aux autres. Il semblerait que certains cours d?hygiène et de salubrité publique vont aller jusqu?aux cas cliniques dispensés habituellement à la fac de médecine ou à l?école paramédicale. Dans ce cas d?espèce et si l?on considère que l?élu doit avoir impérativement des connaissances sur tous les secteurs d?activité, il aurait mieux valu faire bénéficier tous les membres des exécutifs communaux et chacun selon le secteur ou les secteurs qui lui sont confiés.Le commun des administrés qui est en droit d?attendre de son maire la mise à sa disposition des meilleures prestations de service, n?a cure des connaissances que celui-ci peut avoir dans sa besace. Un extrait d?acte de naissance dont le délai de délivrance ne dépasse guère le quart d?heure, une intervention rapide sur une nuisance de la voie publique ou la mise en fourrière péremptoire d?un animal errant ou même la participation aux obsèques d?un citoyen anonyme, participent plus au crédit de l?élu que son capital intellectuel de tête bien pleine. Cette propension presque générale à faire supporter par le chef toutes les prérogatives des personnels placés sous ses ordres, dénote encore d?un archaïsme dont ne veut pas s?en dépêtrer. Je ne sais plus quel est le penseur ou philosophe qui aurait dit : « Si les architectes des pharaons avaient commencé par le sommet, l?humanité n?aurait pas trouvé de pyramides ! ». Le problème est basique.Il est rarement constaté au niveau de l?administration générale qu?il est tenu compte d?organigrammes d?activités où les tâches de chacune et de chacun sont bien cernées. Il est évident que les organigrammes structurels existent, ils sont même réglementaires, mais ne répondent qu?au seul souci du tableau des effectifs et des postes spécifiques de maîtrise ou d?encadrement. Avec la dilution des responsabilités, il s?est trouvé dans des guichets d?état civil des actes qui transitaient par trois à quatre intervenants. Livré souvent à lui-même, le personnel se trace des territoires d?intervention et s?établit lui-même des prérogatives qu?il ne pourra jamais « transgresser », sauf pour rendre service à des amis ou à des proches.Le respect dû au citoyen réside dans l?attitude qu?aura le personnel communal, tout le personnel communal, vis-à-vis de sa personne et qu?il se mette dans la tête qu?il agit par délégation de pouvoir de ce même citoyen. Que tout le monde sache, de la plus haute instance territoriale à l?appariteur, que ce citoyen est l?élément essentiel constitutif de cette collectivité locale. Le premier travail d?approche managériale qu?il faille entamer sans délai, est celui de soumettre tout le personnel en contact avec le public à un examen psychologique aux fins de validation de l?aptitude à occuper le poste. Les aigris, les brailleurs, les altiers, les surexcités se verront confier des tâches où le public n?aura plus à subir leurs rugosités ou traits de caractères. Cette action de salubrité publique tiendra lieu de rédemption des abus commis.


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