Algérie

Qu’est-ce que le qiyâs ?



Qu’est-ce que le qiyâs ? À partir de ces données, les juristes estimèrent que ce jugement ne devait être autre chose qu’un exercice de raisonnement analogique, ou qiyâs : c’est-à-dire l’application dérivée d’une décision concernant un cas ancien à un cas nouveau. Cette forme de raisonnement, consciente et organisée, fut désignée par les juristes du terme de ra’y char’i, par opposition à la libre opinion ou ra’y tout court. Sous la forme de qiyâs ou de ra’y char’i, cet effort personnel est appelé ijtihâd (effort créateur normatif). Il représentait une dynamique, une zone d’intégration et de créativité, et en même temps, relevait du domaine sacral. Le raisonnement par analogie revêt plusieurs formes : - le raisonnement par la cause, qiyâs al-‘illa, qui est la forme la plus rigoureuse car dépendant de la causalité effective ; - le raisonnement par signification, qiyâs ad-dalalah, ou forme libre de raisonnement car dépendant du sens ; - le raisonnement par ressemblance, qiyâs ach-chabah, qui est une forme très libre de raisonnement et qui est moins rigoureuse que les deux premières. Le qiyâs est un raisonnement basé essentiellement sur le langage. Son champ d’application étant les termes, chaque terme peut être connu par son sens étymologique qui lie le signifié à son origine, soit par son sens lié à l’usage, soit enfin par son sens technique et légal qui est une contribution nouvelle, fournie par la Révélation, enrichissant et élargissant le champ sémantique. Un des premiers problèmes qui s’est posé aux jurisconsultes fut de savoir à quel sens accorder la primauté : le technique, l’usuel ou l’étymologique ?Par suite, lorsqu’une méthodologie fut élaborée et que les formes linguistiques furent dénombrées - tels que l’impératif positif, amr, et négatif, nahy, le général, ‘amm, et le particulier, khas - les écrits furent classés en nass dont le texte est clair, ou mujmal dont le texte est obscur, ou zahir dont le sens est moins probable. De même, il s’est posé la question de la reconnaissance des formes de qiyâs. Si les deux premières formes sont bien acceptées par toutes les écoles juridiques, il n’en est pas de même pour la troisième qui n’est pas considérée comme source de la Loi, notamment chez les zahirites. Par contre, les chiites considèrent que leur Imam étant vivant, il reste toujours possible d’appliquer la Loi divine à des situations nouvelles. le mujtahid étant en contact subtil avec l’Imam se doit, pour chaque époque, d’appliquer la chari‘a aux conditions nouvelles de son temps. Il s’agit, bien entendu, d’une extension pour recouvrir toute situation nouvelle plutôt qu’une modification de la Loi. L’affirmation du qiyâs découle de l’enseignement du Prophète de généraliser tous les jugements de Loi. Cette généralisation étant nécessaire car, si les textes sont définis, les cas, eux, sont indéfinis. Le qiyâs fut rapporté par une voie multilatérale tawatur. Il fut pratiqué par les Compagnons et par le reste de la Communauté. Le qiyâs, enfin, doit être pratiqué par le juriste après qu’il ait assimilé les conditions du raisonnement tout en tenant compte des textes révélés et des intérêts communs de la communauté.       Suite et fin


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