Ce n?est nullement un jeu de mots le fait de dire que le journaliste Mohamed Benchicou est un prisonnier politique. Il s?agit incontestablement d?un détenu pour délit d?opinion, à l?image de l?opposante birmane Aung San Suu Kyi. L?évènement est exceptionnel et le geste grave. La gravité s?est traduite par l?impact médiatique de l?affaire, avec une multitude d?insertions, dans lesquelles un chapelet d?accusations a fusé contre les dirigeants d?Alger : « Toward Totalitarianism in Algeria » ou « Stiffling Press Freedom in Algeria ». En effet, plus de quatre-vingts journaux américains ont repris l?information concernant cette parodie judiciaire dont est victime le directeur du journal Le Matin. Tous les articles, toutes les dépêches et tous les billets avaient fait ressortir, dans leur citation, le caractère arbitraire de la détention d?un auteur talentueux comme Mohamed Benchicou. Le journaliste est accusé de transfert illégal de capitaux, et ce sont quoi ces capitaux ? Le Seattle Times se moque : worth of bank deposit notes ! En vérité, une telle affaire présentée devant n?importe quel juge américain se solderait par l?arrestation des policiers pour interférence dans un autre champ de compétence, de celui qui a commandité l?affaire, et du ministre qui s?est porté partie civile dans des bons de caisse sans valeur sur le marché de change, nous a dit encore un chroniqueur du Boston Globe, joint par téléphone. Plus pointue, la version de la journaliste Suzanne Ruta, celle qui est allée profondément dans le traitement, a même inclus les tortures de T?kout. Elle a bien dessiné la face hideuse du régime d?Alger en en parlant dans un long article paru dans l?International Herald Tribune. Ces cas étaient des journalistes sans défense : Benchicou, Benaoum et Ghoul. Et si Ghoul est en prison, c?est qu?il est fils d?un peuple et sans grade au moment où aux Etats-Unis comme en Europe, les enfants des héritiers de l?Etat algérien arrivent avec des sommes inimaginables, fruit du saut révolutionnaire, fait par leurs parents, sur l?argent de tous les laissés-pour-compte. En somme, c?est ça le transfert des capitaux. En résumé, il est important de dire que, dans ce sillage, ce n?est pas seulement le New York Times, le Chicago Sun, le Miami Herald ou les grands titres (major publications) qui ont évoqué le cas Benchicou, mais pour la première fois des journaux locaux et des magazines de comté, au Kansas et en Californie, ont décidé de reprendre l?information. Certes, la réaction de la presse internationale et les positions des députés ou des sénateurs étrangers ne peuvent à elles seules délivrer les journalistes. Ce sont des aspects complémentaires. Les journalistes seront libérés si le gouvernement algérien s?auto-impose, en premier, des règles d?éthique, et ce, en laissant les juges travailler honnêtement.
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Posté Le : 14/08/2004
Posté par : sofiane
Ecrit par : Zouaimia El Hadj M. L.
Source : www.elwatan.com