Algérie

« Qu'est ce qu'il t'a pris à laisser une si belle ville comme Oran et venir semer le trouble dans une ville déjà bien troublée qui est Alger ' »



-« Qu'est ce qu'il t'a pris à laisser une si belle ville comme Oran et venir semer le trouble dans une ville déjà bien troublée qui est Alger ' »-« Je ne suis pas venue à Alger pour semer le trouble, plutôt pour défendre une cause : je veux défendre le statut du médecin Algérien, ce que vous nous avez fait subir ce matin Mr. Le commissaire est indigne, votre corporation est sensée nous protéger et non nous réprimer, vous êtes censés vous ranger du coté du peuple et non du coté du pouvoir , tous savons qu'on veut se cacher derrière le peuple afin de protéger ses privilèges , on a jamais mis les pieds dans un Hôpital Algérien car on se fait soigner à l'étranger ; Pendant qu'on a choisi de trahir l'Algérien, nous avons choisi de le défendre, nous manifestons pour que l'Algérien bénéficie de soins dignes et d'un hôpital digne, nous savons que nous jouons avec un système qui a choisi de gérer notre crise en bouchant ses tympans , au lieu de nous écouter, on nous traite de traîtres, d'anarchistes, de voyous et de semeurs de troubles , continuez à nous réprimer mais où iriez-vous pour vous soigner ' Comme n'importe quel Algérien lambda, vous irez dans un hôpital Algérien sale, délabré, insalubre, dépourvu de tout moyen et de toute volonté, où étiez vous Mr le commissaire quand on m'a agressée dans mon lieu de travail ' Où êtes-vous quand on a besoin de vous '! Au lieu de nous protéger vous avez choisi de nous tabasser ! Allez-y ricanez pour sauver votre face car au fond de vous, vous nous soutenez et vous trouvez nos revendications totalement légitimes ! »
Le commissaire de police marqua une pause, car il avait simulé un fou rire, il me fixa du regard et il choisit de me laisser aller jusqu'au bout de ma phrase :
« Nous avons fait des études longues, on est l'élite de ce peuple, nous savons que notre place est au chevet de nos malades, non pas dans la rue, nous regrettons cette situation mais nous n'avons autre alternative que de hausser le ton afin de nous faire entendre ».
Le commissaire me parait touché par mes mots, il a un visage triste, sincère et vulnérable :
? « je sais tout ça, mais crois- moi, vous vous adressez à un mur sourd, navré de te le dire mais les politiques savent tout sur votre situation, comme tu viens de le dire eux se soignent à l'étranger car ils savent l'état lamentable de nos hôpitaux, nous regrettons ce qu'il vous arrive, mais nous faisons qu'appliquer les ordres, la tutelle veut gagner la paix sociale, quitte à vous sacrifier et c'est bel et bien regrettable »
-« mais ce n'est pas aux politiques que nous nous adressons, mais au peuple ! », sur cet échange stérile je pris congé de ce commissariat où je me suis rendue quelques temps avant vers 18h00 ce 12/02/2018 pour régler quelques démêlés. Le commissaire avait choisi de m'accompagner à l'extérieur le temps de me trouver un taxi qui me conduira directement à Oran.
Pourtant ce jour là, ma journée était loin d'avoir bien commencée, en voulant rejoindre notre sit-in ce matin à la grande poste d'Alger, un policier me fouilla, m'arrêta, prit ma carte d'identité et m'embarqua d'une façon délibérée, anarchique et arbitraire, l'alerte anti-toubib était à son comble ce matin à Alger et toute personne était suspecte d'être « médecin » :
Je me suis retrouvée dans un bus avec beau nombre de résidents, notre délit ' Être coupable d'être médecin, de porter la blouse blanche et d'oser manifester à Alger, je ne sais comment quelques instants plus tard j'ai pu me sauver, avec deux policiers à ma poursuite dans les ruelles d'Alger.
-vite, attrapez là !
J'était déjà bien loin en train de courir dans la rue Ben Mhidi pour rejoindre le mouvement de mes confrères résidents restés devant la grande poste.
Le 21/02/2018 s'est tenue une marche régionale à Sétif, Blida et à Oran, une marche dans laquelle j'ai participé et qui a rassemblé comme à chaque fois des milliers d'étudiants en médecine ainsi que des milliers de médecins résidents.
En arborant les rues d'Oran ce jour là ce 21/02/2018, j'étais prise d'un fou rire :
Amina FEDJER


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