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"Qu'attend la justice pour s'en saisir'" BOUDJEMAÂ GHECHIR ET FAROUK KSENTINI À PROPOS DES AFFAIRES




La population en a ras-le-bol des affaires de détournement et de corruption alors que la classe politique maintient le silence.
En Algérie, les affaires scabreuses se suivent et se ressemblent sans susciter la moindre réaction et sans que la justice ne s'autosaisisse. La société civile et les partis politiques ne se sentent pas concernés par ces scandales. Et pourtant, de la pelouse du stade olympique du 5-Juillet aux accusations de corruption dans la réalisation de l'autoroute Est-Ouest...les affaires ne manquent pas, mais les réactions... si. Pour maître Boudjemaâ Ghechir, président de la Ligue algérienne des droits de l'homme, en ce qui concerne la justice, les choses sont claires: «Nous n'avons pas une justice indépendante pour qu'elle puisse s'autosaisir», affirme-t-il sans ambages.
«Partout dans le monde quand il y a des affaires de corruption, la justice s'autosaisit mais comme la nôtre dépend des pouvoirs politiques, elle ne réagit pas avant de recevoir les instructions de la part du pouvoir en place», assure-t-il. Néanmoins, il tient à souligner le fait que la justice ne peut s'autosaisir que dans des affaires de type pénal telles que le vol, la corruption ou la dilapidation des biens publics. «Le mauvais état des édifices réalisés tels que la pelouse du stade olympique du 5-Juillet cela n'est plus du ressort du pénal. La justice ne peut s'autosaisir», rapporte le président de la Ligue Algérienne des droits de l'homme. «Dans ce genre d'affaire il y a ce qu'on appelle la garantie décennale et c'est à la partie lésée de faire valoir ses droits en saisissant la justice», ajoute-t-il.
Pour M.Ghechir le problème se situe, donc, essentiellement au niveau de la justice qui, pour lui, n'est pas encore indépendante. Mais pas seulement! Il ne mâche pas ses mots contre les partis politiques qui, selon lui, ne jouent pas leur rôle. «Les partis politique ne fond pas leur rôle dans la société civile, il ne font pas office de contrepoids», estime-t-il. «Il y a une défiance de la part de la classe politique, particulièrement des partis au pouvoir qui se contentent d'appliquer le programme du gouvernement sans qu'il y soit un suivi des projets lancés», atteste-t-il en indiquant que cette situation a provoqué le ras-le-bol des citoyens.
«Malgré cela la société civile continue de lutter et dénoncer les anomalies qu'elle constate», témoigne-t-il comme pour nier le fait que les citoyens ne se sentent pas concernés par ce genre d'affaire. Pour le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), Farouk Ksentini, la société civile a plus que ras-le-bol de ces scandales. «Elle risque même de devenir tétraplégique», peste-t-il.
«Trop, c'est trop», réplique-t-il. «Je suis scandalisé par l'affaire de la pelouse du stade du 5-Juillet, c'est une question de dignité nationale», atteste M.Ksentini. «C'est scandaleux car ce n'est plus une affaire de malveillance mais de sabotage», soutient-il. Pour ce qui est des autres affaires qui ont émaillé l'actualité de ces derniers temps, maître Ksentini, refuse de faire tout commentaire se contentant de dire qu'il fallait laisser la justice, à laquelle il fait confiance, faire son travail. «Je suis sûr qu'elle va s'autosaisir dans les jours qui viennent», certifie-t-il. S'agissant du manque de réactivité des partis politiques, Me Ksentini, pense que les hommes politiques sont préoccupés ces derniers temps par la campagne électorale. «Mais je suis persuadé que ces affaires seront prochainement dénoncées dans leurs discours», conclut le président de la Cncppd.


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