Ahmed Belalem, metteur en scène originaire de Mostagnem, pleure lorsqu'il évoque l'histoire poignante d'une adolescente de quinze ans de la région de Blida, kidnappée puis violée par les terroristes dans les années 1990.La jeune fille qui, ayant perdu ses capacités mentales après le choc, fut reniée par son propre père ! «C'est injuste», lance Ahmed Belalem. Le metteur en scène a traduit cette douleur-colère dans la pièce Psychose 90, produite par la troupe El Ichara de Mostaganem et présentée lundi soir au 9e Festival culturel du théâtre de Sidi Bel Abbès. Ahmed Belalem a écrit un texte dense à partir de l'histoire de la fille de Blida et de la pièce de la dramaturge contremporaine britannique Sarah Kane, 4.48 Pyschosis, écrite quelques semaines avant son suicide, en février 1999, à l'âge de 28 ans. La pièce débute dans une semi-obscurité où l'atmosphère est terrifiante.Deux jeunes filles crient, poursuivies par des hommes armés avant d'être rattrapées. Ahmed Belalem n'a pas besoin d'autres démonstrations scéniques pour évoquer le drame des centaines de filles enlevées durant les années de terrorisme. Après une chorégraphie exprimant la souffrance des captives sexuelles, deux jeunes malades se retrouvent dans des camisoles de force. Cela ne les empêche de faire «parler» de leur corps qui sa subi toutes le souillures et les saletés d'hommes aveuglés par la haine et l'ignorance.De temps à autre, elles appellent une certaine Houria, qui habitait un douar qui ne porte pas de nom. Car, à l'époque des années de la folie meurtrière, tous les douars, villages et déchras étaient menacés. Le récit des deux pensionnaires de l'asile psychiatrique est fragmenté mais retrouve une certaine cohérence sur ce qu'elles ont vécu comme traumatismes et tortures au milieu d'hommes sans humanité. «Ecrivez, parlez, ne gardez pas le silence», lance l'une des deux malades. Psychose 90 se veut donc un cri contre l'injustice, l'impunité et l'oubli.La douleur des filles violées au maquis est encore vivace, la blessure ouverte. A la fin de la pièce, l'un des bourreaux de la fille dépose son arme, enlève certains signes de sa religiosité violente temporaire et retrouve la salle comme si de rien n'était. Le message d'Ahmed Belalem n'a pas besoin d'être décodé. La fille violée accouche d'un bébé qu'elle ne voulait pas. Que deviendra cet enfant né d'un acte sexuel sauvage ' Une énigme.Pyschose 90, qui reprend partiellement l'univers dépressif décrit par Sarah Kane dans sa dernière pièce, trouve sa puissance dans le texte et dans le jeu des comédiennes Sarah Bouregaa et Imen Belalem, qui ont réussi à occuper le plateau même si elles ont forcé parfois sur le trait. Les apparitions limitées des deux autres comédiens, Fethi Draoui et Abdelhak Tahiri (le terroriste et le médecin) n'ont servi qu'à appuyer le récit des deux filles martyrisées.
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Posté Le : 08/04/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Fayçal Métaoui
Source : www.elwatan.com