Les pouvoirs publics n'ont pas encore trouvé de solution définitive au casse-tête du marché informel. Il n'en sera peut-être jamais question eu égard à sa complexité intrinsèque et surtout à ce qu'il représente à ce même pouvoir dans sa stabilité et sa pérennité. Le matelas confortable de réserves de change et la longue liste de mégachantiers ne profitent pas à cette jeunesse poussée au gain facile et au moindre effort.
Régulièrement, des opérations d'éradication sont menées tambour battant. Hélas, elles ont toujours coïncidé avec des événements conjoncturels.
Même l'installation du nouveau Premier ministre a démarré avec l'attaque frontale de ce phénomène sans pour autant garantir sa fin. D'aucuns spéculent alors qu'une activité tout aussi spéculative prend forme dans le sillage de l'éradication de l'informel. Il s'agit des multiples opérations d'absorption des marchés illicites menées à coups de milliards de dinars. Les chiffres récents font ressortir quelque 22 milliards de dinars alloués pour la seule construction de marchés traditionnels et de proximité, censés «légaliser» tous les «trabendistes» avant le Ramadhan prochain, indique encore une source officielle. Cette énième initiative intervient après celles ayant ciblé le détournement de locaux commerciaux initialement prévus pour les chômeurs diplômés. C'est dire que l'illégalité ouvre bien des chemins vers l'ascension sociale mieux que des années de sacrifices passées sur les bancs des universités.
L'échelle des valeurs se retrouve ainsi en pyramide inversée dans un pays où l'illicite bénéficie de toutes les faveurs et largesses souhaitables. Le trottoir gagne en vertus et affiche des marchandises à faire pâlir d'envie les grandes vitrines et show-rooms de la capitale. Des voitures tout-terrain de grand luxe se monnayent à coups de ch'kara. Jamais le chèque bancaire n'est toléré, comme le souhaitent timidement nos décideurs. Leur hardiesse n'a duré que le temps de la proposition avant de revenir à de «meilleurs sentiments». Depuis ce temps, l'éradication de l'informel se perd dans les statistiques et l'argumentation officielle de son mal nécessaire !
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Posté Le : 14/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali Guissem
Source : www.elwatan.com