Algérie

Pyramide de la violence: Neuf morts et plus de 300 blessés au Caire



Au lendemain d'un vendredi particulièrement violent avec un bilan officiel de neuf morts et plus de 300 blessés, les affrontements ont repris au Caire, hier samedi. L'armée est tentée d'en «finir» brutalement avec la place Tahrir, les forces politiques dénoncent la répression.

La police militaire égyptienne est intervenue pour reprendre le contrôle des abords du siège du gouvernement autour des affrontements qui s'étaient déroulés toute la nuit. L'armée et la police ont barré les accès au secteur du siège du gouvernement et établi des barbelés à quelques centaines de mètres de la place Tahrir. Après des incendies qui ont touché des édifices se trouvant à proximité du siège du Parlement, l'armée a étendu son champ d'action à la Place Tahrir qu'elle semblait essayer de vider de ses protestataires. Ce nouveau regain de violence est intervenu, vendredi matin, quand l'armée a décidé de disperser, violemment, des manifestants qui campaient devant le siège du gouvernement, depuis au moins deux semaines, pour protester contre la désignation de Kamal El-Ganzouri comme chef du gouvernement. Pour les manifestants, cet homme, qui a déjà été chef de gouvernement sous Hosni Moubarak, incarne l'ancien régime. Les violences qui se déroulent depuis vendredi sont les plus graves depuis les affrontements qui ont eu lieu en novembre contre le pouvoir militaire et qui avaient fait 42 morts. Pourquoi cette brusque flambée des violences ? Peut-être, les «habitudes» répressives des forces de l'ordre qui n'arrivent toujours pas à se «mettre à jour». Selon des manifestants, cités dans des médias publics égyptiens, les choses ont commencé de manière tout à fait anodine. Un jeune homme a pénétré dans l'enceinte du Parlement pour récupérer un ballon de football, les gardes l'ont arrêté et l'ont violemment bastonné. Certains mettent en cause l'attitude «provocatrice» du jeune tandis que d'autres affirment que les manifestants ont réagi à la vue d'une vidéo d'un activiste couvert de bleus après son arrestation.

DEMISSIONS AU CONSEIL CONSULTATIF

Les versions varient mais cet enchaînement de violences traduit clairement l'état de méfiance qui existe entre une partie des Egyptiens et le pouvoir militaire en Egypte qui, sous la direction du maréchal Tantaoui, tient les rênes de la transition en Egypte. «Ceux qui sont à Tahrir ne sont pas les jeunes de la révolution», a réagi le Premier ministre contesté Kamel El-Ganzouri en affirmant que ceux qui affrontaient les forces de l'ordre ne veulent pas une «révolution» mais une «contre-révolution». Selon lui, 18 personnes ont été blessées par balles mais les tirs ne venaient ni de l'armée ni de la police. Il a mis en cause des « éléments infiltrés… qui ne veulent pas de bien à l'Egypte». Le Conseil consultatif mis en place par les militaires a décidé de suspendre ses activités en signe de protestation contre la répression en attendant une enquête sur les évènements. Huit membres de ce Conseil ont démissionné en signe de protestation contre la brutalité de la répression. Amr Moussa, membre de ce conseil et candidat potentiel à la présidence, a déclaré que le Conseil a décidé de suspendre ses réunions jusqu'à ce que le Conseil militaire réponde à ses exigences de cessation de tous les actes de violence contre les manifestants. «Même si le sit-in était illégal, doit-il être dispersé d'une manière aussi sauvage et brutale, qui constitue une plus grande violation de la loi et de l'humanité?», s'est indigné Mohamed El-Baradei, candidat potentiel à la présidentielle, sur twitter. Le parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), issu des Frères musulmans, en tête des élections législatives en cours, a également déploré une «agression» et a appelé l'armée à protéger les manifestants.




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