Algérie

Puzzle social mal arrimé



Le dernier long-métrage de Fatima-Zahra Zaâmoum est en projection dans les salles de la Cinémathèque algérienne. Cette fiction, voulue comme une tragicomédie sur un amour impossible, montre très vite ses limites.Youcef (Nazim Halladja) est un jeune chômeur qui passe ses journées entre des affaires louches et sa passion du «Parkour» (ou le free-running). Ce jour-là, sa voisine Kamila (Adila Bendimerad) se marie à un jeune et riche homme d'affaires ; une union arrangée par leurs familles respectives.
Indifférente à son mariage, Kamila laisse son entourage s'affairer aux préparatifs pendant qu'elle range ses souvenirs d'enfance et joue sur son téléphone. Pendant ce temps-là, Youcef s'envoie au septième ciel grâce aux stupéfiants avant de décider de se rendre à la fête.
Une galerie d'autres personnages gravite autour de la trame : Sonia, la chanteuse vedette, mariée à un musicien cupide beaucoup plus jeune qu'elle ; l'aide-cuisinière et sa fille Nedjma née d'une relation hors-mariage ; le père tyrannique de Kamila et son frère effacé ; le cortège des femmes et jeunes filles assistant à la fête, etc.
Il ne se passe pas grand-chose ni à l'intérieur ni à l'extérieur de ces personnages auxquels la dramaturgie n'offre aucune aspérité.
L'écriture du film demeure, en effet, d'une platitude telle qu'il est impossible d'adhérer à cette histoire cousue de fil blanc et encombrée de fioritures narratives. Tout semble brodé autour d'un pitch trop ténu et les situations, tantôt rocambolesques tantôt provoquées de toutes pièces, s'incrustent dans le récit comme pour le meubler. Tout au long d'une heure et demie, Parkour(s) alternent entre des scènes exsangues, un jeu de comédiens approximatif et des digressions sans pertinence sur la passion de Youcef pour le free-running tandis que les dialogues, souvent pauvres et malhabiles, accentuent l'aspect incongru de l'ensemble.
La réalisatrice semble miser sur un film à thèse : démontrer, à travers une multitude de portraits secondaires entourant l'histoire principale, les méfaits de l'hypocrisie sociale, de la bigoterie et de l'oppression des femmes. Or, la démonstration étant apparemment le seul souci du film, on se retrouve, très vite, embourbé dans une histoire dont la banalité n'a d'égale que la légèreté improbable avec laquelle on l'a scénarisée.
A partir de là, l'ensemble apparaît comme un vaudeville bringuebalant où le superficiel le dispute au trivial sans qu'à aucun moment l'on puisse prendre le temps de s'attacher à tel ou tel personnage, ou du moins palper un quelconque style de mise en scène, laquelle demeure dans un registre télévisuel. Parkour(s) est toujours en projection aujourd'hui à la Cinémathèque d'Alger et jusqu'au 31 octobre à Béjaïa.
S. H.


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