Algérie

Publications - Chez Si Muhand U mhand : La poésie émerge de la déchéance



Publications - Chez Si Muhand U mhand : La poésie émerge de la déchéance
Dans sa jeunesse, Si Muhand U Mhand était chanceux. Il n’avait pas besoin de travailler pour vivre, puisqu’il faisait partie d’une famille aisée. Cette dernière n’exigeait de lui qu’une seule chose : l’instruction. Dans sa poésie d’ailleurs, il le dit bien :Quand j’étais adulé J’ai vécu dans la noblesse Je ne connaissais pas la misère J’ai étudié les rudiments du savoir Je fus parmi les meilleursLe Coran dans ma bouche est torrentiel… «Mais après la pénétration de la France coloniale en Kabylie, tout a basculé pour lui. Son père a été tué, les biens de la famille confisqués et la plupart de ses membres déportés en Nouvelle Calédonie. Il ne restait plus rien à Si Muhand U Mhand. Ce fut pour lui, la déchéance», explique Mohamed Ghobrini, journaliste et auteur notamment de «l’Ascète et l’esthète», dans une conférence animée lundi dernier, dans le cadre de la septième édition du Salon national du Livre et du Multimédia amazigh qui se tient actuellement à Bouira. C’est la déchéance, estime-t-il, qui a poussé si Muhand U Mhand à la poésie. «Avant cela, il n’était pas encore poète. Les événements qui se sont succédés après la pénétration du colonialisme français en Kabylie avait agit comme un déclic sur lui. Un déclic transformé très vite en vers. Et tout aussi rapidement, il devint un poète errant», dit-il. «Lorsqu’il (mon cœur) fut grillé Le mal l’a touché Le kif lui a ouvert les bras (…) Quand j’ai constaté mon impuissance Je me consolais de poésie Jusqu’à ce que je le rejoigne (rejoindre son père qui est mort) «Si Muhand U Mhand a parcouru toute l’Algérie, poursuit le conférencier, avec des déclamations dans chaque village, dans chaque ville. «Il a passé sa vie dans l’errance jusqu’à sa mort en 1906. Cela dit, même si à un moment de sa vie, il s’était adonné à l’alcool et à l’absinthe, il ne s’était jamais défait de son éducation religieuse. D’ailleurs, on retrouve les traces de cette éducation dans toute sa poésie», fait-il savoir en précisant que sa poésie religieuse est inspirée du Coran et de la sunna. Si Muhand u Mhand, estime l’auteur dans son ouvrage «l’Ascète et l’esthète», publié récemment aux Editions El-Amel, a marqué son époque en lettres d’or et demeure, après plus d’un siècle depuis sa disparition, une source de référence inépuisable. Ses poèmes, constate-t-il, sont courts et faciles à retenir et se manifestent souvent sous forme de récits et tous sont appris et ont été transmis par la tradition orale. C’est ce qui a permis, conclut-il, à Feraoun et à Mammeri d’en récupérer quelques fragments et les traduire dans la langue française.


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