Le lecteur se trouve dès l’abord entraîné dans le sillage de la narration par une immersion dans le monde envoûtant et secret des femmes. Tout commence par le meurtre de Hossein par Yamina, femme stérile en butte à ce mari volage et homosexuel. La belle-sœur Latifa, témoin insomniaque, gardera le secret pour sauver l’honneur de la fratrie et le destin des nombreuses filles à marier.
Tout s’enchevêtre ensuite autour de cette tragédie, qui constitue la trame du roman, à laquelle viennent se greffer les parcours individuels des nombreuses femmes de cette grande maison sur laquelle trône Hadja Messaouda grâce à son âge asexué et son récent pèlerinage. Et l’on découvre alors ces personnages féminins hauts en couleur, qui rivalisent d’intrigues, de ruses pour assurer leur place dans ce monde feutré où les blessures les plus profondes ne doivent pas donner de sang.
La cousine Dahbia, déflorée à vingt ans dans une erreur de jeunesse, se retrouve vieille fille à quarante et rêve d’un ailleurs inaccessible. Mimouna, dite Mimi, a cru toucher le bonheur en convolant en justes noces avec un jeune médecin propret, choyé par six sœurs. Mais elle déchanta quand elle ne fut bonne qu’à s’engraisser et s’ennuyer devant la télé, sous la surveillance sourcilleuse des matrones aux pleins pouvoirs. Elle vécut le pire, quand elle subit un jour les assauts de son beau-père saoul.
Zineb laissée - pour compte - par son mari après trente années de mariage et trois enfants, lui préférant une fraîche femelle, Alia la demi-française livrée par sa grand-mère Hadja Messaouda à son cousin Brahim pour vivre l’enfer de la réclusion loin de France, son pays de naissance...
Autant de tragédies étouffées, de vies froissées, d’espoirs tus, mais aussi de rebellions qui prennent les voies détournées de la ruse. Mais le mal finira pas s’asseoir à la table de l’hypocrisie et du silence quand Khadra, fille des rues engrossée dans la clandestinité, finit par se voir accueillie dans la famille grâce aux menaces de sa mère qui sait tout.
Le mal caché et le mal assumé doivent faire bon métrage. Ce roman est avec bonheur, parsemé de descriptions de toutes beautés où l’auteur, jouant allègrement de la métaphore et du rêve, donne toute la mesure de son talent.
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Posté Le : 25/08/2007
Posté par : nassima-v
Source : www.algerie-femme.com