Algérie

Publication-Revue Origines contrôlées



L?art de l?exil Les expressions artistiques de l?émigration disposent désormais d?un support périodique d?information. La revue Origines contrôlées vise à travers sa parution régulière et la diversité de ses collaborateurs à « valoriser le patrimoine artistique de l?immigration ». Dans le numéro 3 qui vient d?être mis sur le marché, c?est l?apport de l?immigration algérienne qui est mis en avant à travers la chanson de l?exil et ses maîtres. Ainsi, c?est avec intérêt qu?on redécouvre tous les ténors de la musique algérienne et leurs parcours atypiques. Dans le sens où leurs vocations ont été tardives car rien ne les prédestinait à des carrières aussi fulgurantes qui se sont terminées en apothéose à l?Olympia, la salle de spectacle mythique parisienne, chère à feu Bruno Cocatrix. C?est dans cette lignée des grands, qu?on apprend que feu Dahmane El Harrachi a été d?abord ouvrier à Lille puis Marseille avant d?intégrer à Paris l?orchestre du maître incontesté de la chanson de l?exil, Cheikh El Hasnaoui. Un autre artiste est évoqué pour tout ce qu?il a apporté à la chanson algérienne en France ou en Algérie, c?est Kamel Hamadi. Ce natif de Aït Daoud, près de Aïn El Hammam, avait lui aussi commencé comme tailleur avant de s?intéresser à la musique grâce à l?influence de feu Slimane Azem. Interprète et compositeur, Kamal Hamadi sera sollicité par beaucoup de grands artistes pour bénéficier de son talent de poète. Le fait d?avoir écrit pour Hadj M?hamed El Anka et Lounis Ait Menguellet suffit à renseigner sur l?estime dont il jouissait dans le milieu. Sans oublier qu?il était aussi un découvreur de jeunes talents comme il le fut avec la chanteuse populaire Noura. D?autres chanteurs sont aussi évoqués pour leur implication dans la lutte pour l?indépendance du pays. Certains étaient intégrés à la troupe artistique du FLN dirigée par le dramaturge Mustapha Kateb, comme le crooner oranais Ahmed Wahby, de son vrai nom Driche Sid Ahmed, Antoine Tedjani et le chanteur de charme Salah Saadaoui. Ce dernier avec son frère Hamou, comédien et marionnettiste, avaient participé à la tournée de la troupe du FLN dans les pays socialistes pour attirer l?attention sur le combat du peuple algérien. D?autres ont servi la Fédération de France du FLN autrement en devenant des collecteurs de fonds comme Akli Yahiatène qui a écopé pour ce délit de six mois de prison ferme. Ce numéro de la revue Origines contrôlées accorde aussi une grande part à la réflexion sur le patrimoine et c?est dans cette perspective que s?inscrit l?interview de l?universitaire Johanne Larrouzé qui a travaillé sur les scopitones (ancêtres du vidéo clip) en donnant des clés très perspicaces pour comprendre les images qui accompagnaient les chanteurs. Toute cette faune iconographique, selon la spécialiste, n?était en fait « qu?une série de stéréotypes qui s?inscrivait dans la continuité d?un ordre colonial dont la France avait du mal à se défaire ». Enfin le mérite de cette revue est d?avoir réhabilité à sa petite échelle, l?apport de cette première génération d?immigrés, oubliée parce qu?elle était prolétaire.
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