Algérie

Publication. Les tranchées de l'imposture de Saad Saïd : Mon père, ce courageux vétéran



Sous un titre intrigant, le roman historique de Saad Saïd, publié aux éditions El Dar El Othmania, est avant tout un hommage à son père, mais aussi à tous les Algériens morts durant la Seconde Guerre mondiale l Il contient des faits et anecdotes, inspirés de la réalité, racontés par son père Ali, le personnage principal.Ecrit dans un style juxtaposant les genres journalistique et romancier, Les tranchées de l'imposture est destiné à toute cette génération ayant la soif de connaître l'histoire de l'Algérie, un pays qui a tant vécu «aux côtés» de la France, l'Allemagne et l'Italie.
Si beaucoup connaissent la réelle implication et participation des Algériens aux deux Guerres mondiales, ce n'est pas le cas de nombreux autres. Les tranchées de l'imposture, ce sont 242 pages de récits bouleversants donnant la chair de poule.
Une violente réalité racontée comme si nous y étions. Saad Saïd est donc un témoin malgré lui. A travers son père, il a revisité une tranche de vie douloureuse de ces milliers de jeunes gens happés par la folie meurtrière des hommes.
En effet, l'ouvrage est inspiré de faits réels racontés par son père, depuis des années. «Beaucoup d'histoires sont racontées par mon père. Sinon pour les autres, elles sont relatées par d'autres compagnons de mon père, d'autres Algériens qui ont fait la guerre et que j'ai moi-même rencontrés un peu partout», confie l'auteur, Saad Saïd. Au fil des pages et d'une lecture qui prend aux tripes, c'est comme si nous vivions les instants comme le personnage principal combattant au front durant la Seconde Guerre mondiale.
Il y est relaté des moments de la guerre à différents endroits. Comme les tragédies du massacre le plus meurtrier de cette dernière guerre, celle de Monte Casino, en Italie, ou encore les milliers de combattants abattus dans différentes régions du Maghreb. «Pendant le débarquement de Provence pour la libération de Marseille, en août 1944, mon père a été envoyé là-bas, il m'a raconté qu'il y avait eu plus de 2000 prisonniers en une seule nuit. Si beaucoup de gens ont été abattus, lui a survécu par miracle pour nous raconter aujourd'hui ce qu'il a vécu», ajoute l'auteur. Une Algérie et des Africains décimés par des colons dont personne ne parle. Des Noirs du Niger, du Mali et du Sénégal étaient chargés pour monter la garde, ils mouraient de froid et n'intéressaient pas une seule seconde les dirigeants.
Certains passages du livre nous plongent également dans l'enfer qu'ont vécu ces hommes, comme le vacarme assourdissant des avions américains toute la nuit, qui prenaient d'assaut des positions allemandes. Des moments de colonialisme et d'indigénat que les Algériens supportaient sans rien en retour, ils étaient même utilisés comme de la chair à canon. Est-ce là la récompense '
Il est à noter que l'ouvrage n'a commencé à être écrit qu'après la mort du père de l'auteur, en 2016. C'est d'ailleurs un colonialisme vécu, raconté et écrit en hommage à son père. Grâce à ses compétences professionnelles de journaliste, l'auteur a enregistré tous les souvenirs de la guerre que son père lui racontait. Des histoires palpitantes qui n'avaient besoin que de personnages et d'agencements. «La transcription a été le plus dur, car il ne fallait pas juste transcrire, mais aussi traduire de la langue berbère à la langue française.
D'ailleurs, quand il me parlait en berbère, j'avais toujours la chair de poule tellement c'était émouvant», raconte le romancier. Grâce à son valeureux père et une longue carrière en tant que journaliste, c'est écrivain qu'il a choisi de devenir. En 2010 déjà, il publiait son premier roman Parfum d'une femme perdue, une histoire d'amour.
Aujourd'hui, il prépare un troisième livre, qui sortira cette année, et qui est un roman sur l'immigration clandestine. Saad Saïd est entré à l'APS en 1983, d'abord en tant que traducteur, car il est diplômé en traduction de l'université des langues étrangères d'Alger, par la suite il devient journaliste pendant plus de 30 ans, jusqu'en 2015. A la fin de sa carrière, durant trois ans, il a été le correspond à Londres. Une période qui l'a beaucoup enrichi sur le plan professionnel, de la langue, de la culture et notamment littéraire.

Amina Semmar


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