De violence et d’espoir, signé par Aïssa Nour, est un livre où foisonnent souvenirs et douleurs.
C’est l’histoire véridique vécue par un travailleur algérien, exerçant au sein d’une entreprise algérienne qu’est Sonelgaz. Une bombe explose sur le lieu de travail de Aïssa Nour. Déclaré mort, il est sauvé par un concours de circonstances « divin ». A son admission à l’hôpital, les médecins constatent son décès. Alors qu’on le transportait à la morgue, une personne, affiliée au corps médical, constate que le bras gauche de Aïssa Nour bouge. A la suite d’une semaine de coma, Aïssa reprend conscience avec un traumatisme très important : fractures des deux tibias avec de grands délabrements cutanés, fractures de l’humérus droit, sectionnement du nerf radial, scalp frontal, perforations des deux tympans, bris de verre à l’intérieur de la cornée. « Je ne vois rien, n’entends rien, je ne peux ni crier, ni bouger, ni même respirer... Tous mes sens sont atrophiés. Je n’ai mal nulle part. Mon cerveau continue d’accomplir certaines de ses fonctions, mais ne peut donner des ordres », écrit l’auteur dans le premier chapitre du livre. Le malade est resté cloué pendant dix-huit mois sur un fauteuil roulant. Grâce à un réseau de solidarité entre des travailleurs français et algériens, il est transféré en France où il subira deux opérations chirurgicales, en plus des sept subies en Algérie. Après des mois et des mois de rééducation dans un centre spécialisé, il rentre dans son pays, deux semaines seulement après s’être remis debout. Il réintègre son travail : « Je résiste de plus en plus au mal aux acouphènes qui me torturent continuellement. Je puise au fond de mes ressources morales pour tenter de les oublier ». Un autre problème de santé surgit au niveau de ses oreilles. En effet, des bruits de ventilateurs et des sifflements continus empoisonnent son existence. Après s’être abonné chez un cabinet psychiatrique, il s’abonne chez un urologue. En parallèle, il est pris en charge par un ORL du centre médico de sa société. Le diagnostic est irrévocable : il n’a plus de tympans. Il subit une opération qui ne portera pas ses fruits. Il est même opéré dans une clinique privée pour extraire de ses parties génitales un corps métallique. Aïssa Nour estime que « pardonner à la légère, c’est d’être injuste envers les gens honnêtes qui perçoivent, à travers cette action, une permissivité au crime. Même si le pardon est nécessaire, il ne doit pas intégrer dans la lutte anti-terroriste, il ne peut concerner les commanditaires de ces actes et même s’il doit mettre fin à l’effusion de sang, il ne peut avoir qu’une forme protocolaire et administrative ». En somme, De violence et d’espoir est un livre poignant qui lève le voile sur le combat d’un rescapé pour retrouver une vie normale. Un combat qui incarne celui de toute l’Algérie. Ses souffrances sont celles de tout un peuple, infligée par un terrorisme sans merci.
Posté Le : 16/10/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Nassima Chabani
Source : www.elwatan.com