Mansouria Mederreg Belkherroubi revient sur la scène littéraire pour la quatrième fois avec un beau livre intitulé Constantine, coutumes et traditions.
Titulaire d’une licence en lettres anglaises et d’un magistère en didactique, l’auteur Mansouria Mederreg Belkhourroubi dévoile là un beau livre aux textes bien élaborés et aux visuels agréables. Ainsi, à travers une pagination de 235 pages, le lecteur est convié à rentrer dans les arcanes des us et coutumes de la ville des Ponts suspendus. A travers une écriture des plus aérées, l’auteur, qui a vécu des années mémorables dans cette ville, prend le lecteur par la main pour un voyage initiatique, ô combien enchanteur.
La ville de Constantine se révèle alors sous toutes ses coutures. Douze chapitres assez conséquents résument le jalonnement de la vie quotidienne des Constantinois. Tel un chapelet égrené, on découvre les différentes cérémonies et fêtes, ainsi que les plats traditionnels, ponctuant chaque moment précis d’une vie. Pour évoquer ces souvenirs, révolus à jamais, Mansouria Mederreg Belkherroubi utilise une narration à la première personne du singulier. Si le premier chapitre est consacré à une présentation classique de la ville de Constantine, le deuxième aborde le rituel de la naissance, et ce, à travers l’éclairage précieux de la doyenne, Hadja Meriem. Pendant la grossesse, la maman de la future accouchée prépare le trousseau.
Le prénom du bébé est choisi par son père ou par l’un des grands-pères. Avant la naissance, on achète les grains de blé, on les lave, on les sèche, on les fait griller et on les moud. Dès la naissance du bébé, des youyous fusent. Le père, ou le grand-père, récite l’appel à la prière dans l’oreille droite puis la gauche du nouveau- né. Par la suite, tous ceux qui viennent présenter leurs vœux de bonheur sont conviés à déguster la trida. Au septième jour, on égorge un mouton qui servira à préparer le repas du sbou’.
Ce dernier est réservé à la famille au grand complet. Le bébé subit tous les soirs l’smid (massage). Après une vingtaine de jours, l’accouchée est accompagnée avec son bébé chez sa mère. Ils y resteront jusqu’au quarantième jour. Présente tout au long des chapitres, Hadja Meriem convoque à plusieurs reprises sa mémoire pour venir conter certaines pratiques existantes toujours et d’autres ayant disparu à jamais. Au chapitre «Le printemps fait changer les cœurs et travailler les bras», cette dame âgée revient, entre autres, sur la distillation de l’eau de rose. Le chapitre suivant lève le voile sur la fête religieuse du Mawlid Ennabaoui Echarrif, qui est fêtée d’une façon grandiose à Constantine. Bien avant cette fête, des œufs sont achetés pour être évidés.
Les coquilles sont alors remises vides aux enfants. Ces derniers les peignaient à leur convenance. Le repas est constitué d’une chakhchoukha edefer, servie avec une sauce au poulet ou à la viande. Après le repas, les hommes se rendent à la zaouïia, tandis que les femmes embaument la maison d’encens. Au chapitre «Ramadhan et Aïd el Seghir», est mis l’accent sur le mois de chabane, où les familles se préparent à accueillir le mois sacré du Ramadhan dans la sérénité. Après le grand nettoyage, on prépare tout à l’avance, notamment l’incontournable frik. On achète également les raisins secs et les pruneaux du tajine elhalou ainsi que les différentes épices. Dans un autre chapitre, on retrouve la splendeur de la dinanderie, de la broderie de Constantine avec l’incontournable trousseau de la mariée. L’auteur, Mansouria Mederreg Belkhourroubi, referme son beau livre par quelques recettes culinaires constantinoises utiles, telles que le chrik, rakhsis, lakhmira, makrout ou encore chbah essafra. En somme, Constantine, coutumes et traditions est un beau livre à avoir absolument dans sa bibliothèque.
Mansouria Mederreg Belkherroubi-Constantine, coutumes et traditions
235 pages. Éditions El Kalima. Octobre 2016.
Prix 2500 DA
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Posté Le : 05/11/2016
Posté par : litteraturealgerie
Ecrit par : Nacima Chabani
Source : El Watan