Algérie

Psychose



La peur a envahi la ville. Depuis l?abominable crime commis à l?encontre du jeune Yasser, tous les parents vous diront qu?il est loin le temps où leurs enfants pouvaient s?aventurer, en toute confiance hors du foyer familial, sans susciter en eux l?angoisse d?un danger guettant leurs chers petits. A l?opposé du satisfecit affiché, il y a quelques jours, par les services de la sûreté de wilaya, concluant, chiffres à l?appui, à l?amélioration de la situation sécuritaire relative aux biens et aux personnes à Constantine, le sentiment de crainte qui perdure apporte un cinglant démenti au discours lénifiant. C?est l?amère réalité des parents, faisant désormais le pied de grue devant les portes des écoles primaires pour attendre leurs enfants, qui apporte en effet l?implacable contradiction. Et personne ne peut convaincre ces parents de la futilité de la menace. De faits divers rares et insolites, le phénomène des enfants enlevés, et ensuite assassinés, est devenu un sport national et pas un jour ne passe sans apporter son lot de nouvelles de drames annoncés, ayant eu lieu aux quatre coins du pays. La hantise de l?ombre pédophile et de l?horrible infanticide s?installe subrepticement, au moment où l?émotion collective cède à un mouvement de panique amplifié par la perfide rumeur. La sécurité est la priorité des priorités, et pas un programme de développement national ne pourrait prétendre à l?insigne honneur de la réussite si le climat d?insécurité continue à empoisonner le quotidien des Algériens. Nous laisserons aux spécialistes le soin de réfléchir sur les raisons qui ont poussé au développement de cette nouvelle tendance criminelle au sein de notre société, car pour les citoyens, l?instinct de survie implique d?abord une réaction. En attendant une amélioration providentielle de la sécurité, les Constantinois s?adaptent et font ce qu?ils peuvent pour mettre leurs enfants à l?abri. Certains vont jusqu?à leur inculquer des gestes à faire au cas où ils seraient exposés à une tentative d?enlèvement ou approchés par une personne étrangère. Bien entendu, beaucoup parmi les cadres de la wilaya ne sont pas concernés par cette psychose insidieuse, leurs enfants étant assurés d?une protection rapprochée.


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