De plus en plus de voix s'élèvent pour appeler la communauté
internationale à intervenir pour sauver la vie de milliers de sahraouis installés
dans des camps isolés de Gdeim Izik près de la ville occupée d'El-Ayoun, depuis
le début du mois en cours. Hier encore, un militant mexicain des droits de
l'homme, Antonio Velazquez, a indiqué que des dizaines de colons marocains et
des policiers en civil se sont installés au camp pour «provoquer et justifier»
l'intervention des forces armées et incendier les khaïmas abritant plus de
20.000 Sahraouis. La population sahraouie avait quitté la ville le 9 octobre
dernier pour protester contre ses conditions de vie «précaires» et son
insécurité du fait de l'occupation marocaine.
Le militant mexicain, cité par le
journal espagnol ABC qui l'a joint par téléphone, a précisé qu'une «caravane de
30 véhicules transportant des familles est entrée dans le camp sans être
autrement inquiétée par le poste de contrôle des forces armées marocaines». Le
militant mexicain a précisé que les colons «cherchent à provoquer
l'intervention des forces de sécurité» et s'est alarmé sur l'intention des
colons «d'utiliser de l'essence pour incendier les khaïmas installées en plein
désert». Selon le même militant, «la situation est grave, parce que l'armée
empêche l'entrée de nourriture et de l'eau dans le camp». M. Velazquez a
rappelé que la dernière action de répression des forces marocaines est «la
levée d'un mur de terre autour du camp, avec des bulldozers, visant à empêcher
l'entrée des aides alimentaires et la circulation des personnes souhaitant se
joindre à la manifestation» qui est une forme pacifique de lutte contre la colonisation.
«Il y a un hélicoptère qui survole le camp en permanence. Dans la soirée, il ne
nous laisse pas dormir. D'autres hélicoptères et de petits avions survolent les
lieux pour intimider la population sahraouie, simulant des atterrissages sur
les khaïmas. Les troupes au sol entrent aussi dans la nuit pour harceler la
population sahraouie», a rapporté le militant mexicain qui vit dans ce camp
depuis une semaine. «La tension est à son paroxysme depuis la mort d'un jeune
Sahraoui de 14 ans fauché par les tirs de mitraillette. Sept autres de ses
compatriotes ont été gravement blessés, actuellement isolés dans un hôpital
militaire à El-Ayoun», a par ailleurs indiqué à l'agence sahraouie de presse
SPS l'un des coordinateurs de l'administration du camp.
Ces événements interviennent
alors même que la tournée de l'envoyé personnel du secrétaire général des
Nations unies pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, dans la région, a
pris fin par l'annonce de la tenue de la troisième réunion informelle en novembre
prochain entre les deux parties en conflit, dans le cadre d'un règlement
garantissant au peuple sahraoui son droit à l'autodétermination. Cette réunion,
a-t-il déclaré, après son entrevue avec le roi du Maroc, aura lieu entre «le
royaume du Maroc et le Front Polisario en présence des deux pays voisins,
l'Algérie et la Mauritanie, pour parvenir à un règlement politique juste,
durable et convenu entre les deux parties, garantissant au peuple du Sahara
Occidental le droit d'autodétermination, et ce avec l'appui des pays de la
région, particulièrement les deux pays voisins». M. Ross a précisé que «les
responsables ont exprimé, lors des quatre étapes à savoir l'Algérie, les camps
de réfugiés sahraouis, la Mauritanie et le Maroc, leur entière disposition à
appuyer mes efforts et ceux des Nations unies en général».
Après avoir souligné que sa
visite au Maroc s'inscrivait dans le prolongement de sa quatrième tournée dans
la région, M. Ross a indiqué que ses entretiens au Maroc portaient sur «la
nécessité de dépasser la situation actuelle, des modalités de l'opération des
négociations et du déroulement de la gestion des mesures d'édification de la
confiance». L'envoyé spécial du secrétaire général de l'Onu pour le Sahara
Occidental a par ailleurs déclaré que ses entretiens au Maroc ont également
porté sur «l'impérieuse nécessité d'atténuer la tension qui prévaut et d'éviter
tout ce qui est de nature à assombrir le climat ou à entraver le progrès lors
du prochain round des négociations qui, je l'espère, permettra d'ouvrir la voie
à des pas tangibles vers le règlement escompté».
Dans la nuit de dimanche à lundi,
un jeune Sahraoui a été tué et sept autres ont été blessés par l'armée
marocaine près du camp des exilés d'El-Ayoun. L'armée marocaine a mitraillé la
voiture à bord de laquelle se trouvaient les Sahraouis, alors qu'ils
acheminaient de la nourriture, de l'eau et des médicaments vers ce camp.
El-Garhi Najem (14 ans) a été tué sur le coup dans la voiture, alors que les
sept autres ont été blessés, dont son frère, un ancien prisonnier politique,
El-Garhi Daoudi. Les victimes ont été pourchassées par l'armée marocaine depuis
leur sortie de la ville pour être immobilisées à deux kilomètres du camp des
exilés de Gdeim Izik.
Par ailleurs, le vice-ministre
des Relations extérieures de l'Argentine, M. Alberto Pedro D'Alotto, a affirmé
hier à Alger que son pays n'a pas changé sa position de soutien au Sahara
Occidental et aux efforts du secrétaire général des Nations unies et de son
représentant personnel pour le Sahara Occidental, Christopher Ross.
«L'Argentine a toujours soutenu le Sahara Occidental dans le cadre de
l'Assemblée générale de l'Onu et du Conseil de sécurité», a-t-il dit, estimant
que «c'est une position qui a toujours été la même dans le cadre des lois internationales
et des principes des Nations unies».
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Posté Le : 27/10/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel Belaïfa
Source : www.lequotidien-oran.com