Provocation
A de très rares exceptions, les dirigeants arabes sont connus pour être des spécialistes des actes de forfaiture et des coups de poignard dans le dos. Un pays voisin vient, en effet, de jeter un pavé dans la mare. En effet, le président Zine El Abidine Ben Ali a invité le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, à effectuer une visite en Tunisie, en novembre prochain. Prétexte invoqué pour justifier l?invitation : la tenue d?un sommet mondial de la société de l?information. La Tunisie est un Etat indépendant et souverain qui a le droit de recevoir qui il veut. Mais quand on dialogue avec le souverain, on n?a pas aussi le droit d?utiliser hypocritement la cause palestinienne pour sa propagande interne. Certes, la paix entre tout le monde arabe et Israël se fera un jour ou l?autre. Ce dernier d?ailleurs recèle en son sein des forces honnêtes et sincères qui militent pour cet objectif. Mais c?est Sharon qui pose problème. C?est un criminel de guerre qui voue une haine féroce aux Palestiniens et aux Arabes, en général, qu?il traite de « cafards à enfermer dans une bouteille ». C?est le bourreau de Beyrouth en 1982 où, sous ses ordres,35 000 enfants ont été tués dans les bombardements israéliens, selon l?Unicef. Devenu chef du gouvernement, il a mené une répression implacable contre les populations de Cisjordanie et de Ghaza, et s?il a décidé de se retirer de cette dernière zone, c?est qu?elle ne représente aucun intérêt économique ou stratégique. C?est cet homme qu?invite chez lui le président Ben Ali, invitation qui est une véritable provocation à l?égard du peuple palestinien. Pourquoi le fait-il maintenant ? Ce dirigeant tunisien ambitionne de se représenter pour un énième mandat à la tête de son pays. Mais il a peur aussi bien de son opposition interne que du projet américain du Grand Moyen-Orient (GMO), lequel veut une réelle démocratie des pays arabes, ce qui signifie la disparition de toutes les dictatures actuellement en place. En voulant recevoir un enragé comme Sharon, il espère avoir peut-être les faveurs du puissant lobby juif américain qui a les capacités d?exercer des pressions sur la Maison-Blanche et pourrait dire à celle-ci d?abandonner le GMO en ce qui concerne la Tunisie. Bien entendu, le Pouvoir tunisien méprise l?opinion de son peuple qui est viscéralement attaché à la cause palestinienne. En outre, l?annonce du déplacement de Sharon intervient à la veille du sommet arabe d?Alger. Pourquoi ne pas avoir attendu après la conférence ? C?est une autre provocation qui aura certainement des incidences négatives sur ce sommet. Mais les dirigeants arabes sont faits ainsi. Ils ne pensent qu?à leur pouvoir personnel.
Posté Le : 26/02/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Tayeb Belghiche
Source : www.elwatan.com