Algérie

Prouesses et espoirs d'une Nation



Le 5 Juillet 1962, l'Algérie accédait à l'indépendance. Un immense territoire de plus de 2 millions de km2 pour un peu plus de 10 millions d'habitants. Dans toutes les villes et villages du pays, les Algériens exultaient de bonheur. Il goûtaient enfin à la liberté après une lutte armée, politique, diplomatique et populaire. Chaque famille comptaient des martyrs et des moudjahid. La nuit coloniale venait de laisser place à l'aube de l'indépendance. Mais cette joie indescriptible qui est restée gravée à jamais dans les mémoires de ceux et celles qui l'avaient vécue, ne pouvait occulter une autre réalité. Le pays était certes indépendant, mais n'avait pas encore de monnaie. Les tribunaux étaient vides, pas de magistrats ni d'avocats, les universités étaient quasi désertes et les quelques centaines d'étudiants qui, descendant du maquis ou revenant de pays amis, étaient en sous-effectif. Quant aux écoles, collèges et lycées, on ne savait pas quoi y mettre. Plus de 90% de la population était analphabète. Les hôpitaux, désertés par le personnel médical européen étaient des murs sans âmes. Le tableau que présentait l'Algérie, aux premières semaines de l'indépendance était celui d'un territoire sans compétence et tout droit sorti du Moyen-Âge. C'est ainsi que l'avait voulu le système colonial qui, en 132 ans d'occupation croyait avoir totalement déconnecté les Algériens de l'Histoire. En quittant précipitamment le pays, les colonisateurs ont fait un pari, impossible à perdre, pensaient-ils. L'Algérie qu'ils laissaient n'était pas viable. Ils attendaient à court terme l'installation du chaos. On ne pouvait s'attendre à autre chose qu'à l'effondrement du château de cartes que les Algériens avaient édifié avec de simples fusils, une belle parole à l'ONU et des manifestations populaires. L'Algérie indépendante ne tiendrait pas deux ans, estimaient-ils. Cela c'est l'image que renvoyait le pays vu avec le prisme déformant du colonialiste. Ce que les autorités coloniales n'avaient pas vu, c'était l'extraordinaire volonté d'un peuple qui était demeuré très proche de ses martyrs et de son rêve.Première opération de l'Algérie indépendante: organiser la rentrée scolaire 1962-1963 à l'automne qui a suivi l'indépendance. Tous les enfants algériens de plus de 6 ans étaient concernés. La société a tellement bien répondu que le succès était total. Un enthousiasme sans pareil s'est emparé des élèves et de leurs parents. Ce fruit de l'indépendance a donné de l'entrain à un peuple qui touchait des doigts les bienfaits de sa liberté et ce pourquoi beaucoup parmi les siens ont sacrifié leurs vies. La promesse faite aux martyrs ne s'arrêtera pas à l'enseignement. D'autres combats ont été engagés. L'Etat algérien a frappé sa propre monnaie. L'Algérie affirmait clairement sa souveraineté. L'institution de la santé gratuite et la nationalisation des hydrocarbures auront été des victoires essentielles dans le parcours de l'Algérie qui, en une décennie d'indépendance, montrait déjà le chemin à d'autres peuples, en lutte pour leur émancipation. Les vingt premières années étaient «fabuleuses», même si les différends politiques se réglaient dans les urnes. Les évènements d'avril 1980 attestent du premier séisme politique et identitaire que le pouvoir de l'époque ne pouvait assumer. Mais dans l'ensemble, tout le monde aura retenu que le serment fait aux martyrs de la révolution de Novembre n'avait pas été renié.
Ces soixante années n'auront pas été qu'heureuses pour les Algériens. Une première expérience démocratique ratée leur a ouvert les portes de l'enfer intégriste. Une décennie terrible qui a emporté des dizaines de milliers de citoyens, pour nombre d'entre eux, innocents. Cette épreuve douloureuse, aggravée par une situation économique plus que détériorée a tout de même été dépassée grâce à un attachement profond de la société à son unité. Une première dans les annales de l'Histoire moderne: un pays parvient à vaincre un terrorisme particulièrement barbare par ses propres moyens. Une vingtaine d'années auront été nécessaires pour panser les plaies et ouvrir une nouvelle page. Le second sursaut démocratique du 22 février 2019 est ainsi venu rappeler que les Algériens conservaient toute leur vitalité politique. Ils ont donné une belle leçon à l'humanité entière.
Aujourd'hui, au moment où l'on fête le 60e anniversaire de l'indépendance, l'espérance de vie d'un Algérien est de plus de 76 ans, le taux d'électrification, de vaccination et de scolarisation frôle les 100%. La bataille future est éminemment économique. Elle est vitale!


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