Algérie

Protestations, démissions et accusations.. La crise s'installe au FFS


Le plus vieux parti de l'opposition replonge de nouveau dans la crise organique. Depuis la montée au créneau de Hayat Taïati, membre de l'Instance présidentielle, le 25 janvier lors de la réunion du conseil national du parti, exigeant le départ du premier secrétaire national, Mohamed Hadj Djilani, les choses s'enveniment.Au moment où le FFS a décidé de boycotter activement l'élection présidentielle du 18 avril prochain, une crise organique est venue le secouer de l'intérieur. La fronde est menée par un membre de l'Instance présidentielle, dirigée d'une main de fer par Ali Laskri et Mohand Amokrane Cherifi depuis le 20 avril 2018, date de la tenue du congrès extraordinaire du parti. Hayat Taïati veut obtenir coûte que coûte le départ de Mohamed Hadj Djilani. Elle a participé à un rassemblement des militants de la fédération d'Alger devant le siège national du parti afin exercer la pression sur l'Instance présidentielle, appelée à remplacer le Premier secrétaire et à convoquer une session extraordinaire du Conseil national. Cette grogne a été suivie par une vague de démissions de certains cadres du parti. Abdelmalek Bouchafa est membre du cabinet conseil. Il est également ancien premier secrétaire. «Par respect pour les statuts et le règlement intérieur du parti ainsi que de la morale politique, j'ai le grand regret d'informer l'instance présidentielle ainsi que l'ensemble des militantes et des militants de mon retrait du cabinet conseil», a-t-il annoncé dans un bref communiqué. Il n'a donné aucun motif à cette démission. Mohamed Achir est secrétaire national chargé du développement durable. Il a lui aussi annoncé son départ. «Par respect pour les statuts et règlement intérieur du parti, j'ai le regret de porter à la connaissance des militants du FFS et de l'instance présidentielle que je ne fais plus partie du Secrétariat national», a-t-il annoncé. Tout porte à croire que la démission des deux responsables est une action concertée qui vise à protester contre la méthode avec laquelle sont gérées les affaires du parti. L'ancien député Hamou Didouche a appelé, dans ce sillage, à l'organisation d'un conseil national extraordinaire, «où sera nommé un nouveau premier secrétaire national, au profil politique combattant, engagé» et à la préparation du congrès national. Il a accusé au passage l'actuelle direction de vouloir organiser un congrès sur mesure.
Complots '
Cette crise organique va-t-elle avoir des répercussions sur la campagne de boycott de la présidentielle que le FFS compte mener ' La direction du parti semble ne donner aucune importance aux événements qui s'accélèrent. «Le FFS est concentré sur la campagne de boycott de la farce électorale, en peaufinant un programme de rencontres populaires dans les quatre coins du pays afin de mobiliser les Algériens et les Algériennes à même de constituer un rapport de force en faveur de l'alternative démocratique et sociale», explique Jugurtha Abbou, chargé de communication du parti. Voulant ignorer la contestation au sein du parti, Jugurtha Abbou, contacté par nos soins, ajoute : «Evidemment, cela dérange le pouvoir qui, à travers sa police politique, use de manipulations et de diversion afin de neutraliser la véritable opposition démocratique et de montrer aux yeux de l'opinion publique un parti en difficulté interne». Il parle de complots et de machinations du régime. «Cela ne démotivera pas les militants et les militantes du parti, assez mûrs politiquement pour savoir déjouer les complots et les machinations habituelles d'un régime discrédité par la grande majorité des Algériens et des Algériennes. La direction autant que les militants sont à pied d'?uvre pour la réussite de la campagne de boycott et pour la réussite des échéances organiques futures, à savoir la convention nationale thématique, la conférence d'audit démocratique et le congrès national», a-t-il souligné, précisant que «le débat est ouvert et démocratique dans les instances du parti, et des textes imposables et opposables à tous».