Le mouvement de contestation des classes
terminales semble s'inscrire dans le temps, à Oran, en dépit du dialogue ouvert
par la direction de l'Education avec les représentants des lycéens. Hier
encore, au moins deux cents élèves de différents lycées de la wilaya se sont
regroupés devant le siège de la direction de l'Education avec la même
revendication : l'allègement des programmes qualifiés de trop chargés. «Chaque
jour, je rentre au lycée, le matin à 8h et j'en sors le soir à 17h. Pas pour
rentrer à la maison, mais pour aller suivre les cours particuliers qui débutent
à 18h. Je suis tout le temps fatiguée, et on n'est qu'au mois de janvier»,
affirme une lycéenne, à sa sortie de la réunion tenue entre les délégués et le
secrétaire général de la direction de l'Education. «Personne ne semble se
soucier si l'élève assimile ou pas. Tout ce qui compte c'est que le programme
soit terminé avant l'examen du baccalauréat. La meilleure preuve de cet état de
fait, c'est que tous les élèves, y compris les plus doués, sentent le besoin de
prendre des cours particuliers. La quantité des cours n'a jamais été un critère
de performance s'il n'y a pas le souci d'efficacité qui garantit la qualité,»
affirment, encore, les élèves.
Premier responsable de ce «fiasco », selon les élèves, ce sont les
enseignants qui semblent avoir définitivement opté pour le «bourrage des
crânes» pour être dans la grâce de leur tutelle. Et d'ajouter : «Ceci sans
compter le fait que cette situation les arrange car c'est le meilleur contexte
pour eux, pour mieux vendre leurs cours particuliers. C'est ce qui explique ce
silence complice». Après concertation, les délégués des élèves ont décidé de
rejoindre leurs établissements, sans pour autant reprendre les classes. Ils
attendent du «concret», à leurs revendications, disent-ils. Leur espoir réside
dans l'intervention de la Fédération des parents d'élèves qui devait se réunir,
hier à 16 h, pour décider d'une démarche pour aider les élèves. Les délégués se
sont donnés le mot pour patienter jusqu'à dimanche, dans l'espoir d'un heureux
dénouement. Faute de quoi, ils réinvestiront la rue pour observer un nouveau
sit-in pacifique devant le siège de l'Académie.
Ce
mouvement de protestation n'a pas laissé indifférents les syndicats de
l'Education. Très compréhensifs de cette action menée par les élèves, les
syndicats : le SNAPEST et la FNTE, appellent le ministère de l'Education à
réagir en organisant une conférence débat sur tout le programme appliqué et
qui, apparemment, renferme des zones d'ombre pour les lycéens. Cette crainte
exprimée dans la rue est justifiée, selon le partenaire social, et incite le
ministre de l'Education à intervenir pour apaiser les esprits. Tout comme les
élèves, les représentants des deux syndicats, contactés hier, parlent, eux aussi,
de surcharge des programmes et de l'inadaptation des emplois du temps. Le
représentant du SNAPEST, M. Aous, relève que ce mouvement de protestation des
lycéens n'est pas un évènement, puisque les deux dernières années ont connu ce
même scénario, sans que la question soit profondément étudiée par la tutelle.
Il n'y a eu que du bricolage et le problème demeure entier». Le SNAPEST reste
convaincu que pour laisser les élèves souffler et leur donner la possibilité de
suivre les cours dans les meilleures conditions, il est urgent de revoir tout
ce programme en concertation avec tous les acteurs de l'Education et faire des
propositions plus adaptées au niveau des élèves.
Le
représentant du syndicat se dit très compréhensif de la position des élèves
concernant leur inquiétude du seuil des cours fixés par le ministère, arguant
que «même les enseignants sont harcelés toute l'année pour achever le
programme, à tout prix et par tous les moyens. C est un sentiment de psychose
qui s'est développé chez les enseignants. Quant aux élèves, ils ont trouvé la
parade en assistant aux cours juste pour prendre des notes pour se payer
ensuite les cours particuliers». Le représentant de la FNTE, M. Boussâada, pour
sa part, qualifie l'action des lycéens de légitime, même s'il considère que le
mouvement de protestation n'est pas le moyen adapté pour dénoncer la surcharge
des programmes et la fixation par le ministère de la date du 15 mai prochain
pour communiquer le programme de l'épreuve du baccalauréat. Pour régler ce
problème, la FNTE appelle le ministère à organiser une conférence nationale qui
soit explicative de tout le programme, car dira-t-il, nombreux sont les élèves
qui ne comprennent pas le fond du problème. C'est dans ce sens que le ministre
est appelé à réagir pour éclaircir tous les points aux lycéens.
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Posté Le : 20/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Barti & Mokhtaria Bensaâd
Source : www.lequotidien-oran.com