Pour le moment, il n'y a rien de nouveau et d'important à dire à propos de la situation de l'environnement à Annaba, et même en Algérie. Nous sommes en pleine campagne de collecte des déchets en papier et en plastique destinés aux usines de récupération ».
Cette déclaration, qui émane du président de l'Association nationale pour la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution (Anpep), nous a été faite lorsque nous l'avons interrogé sur les actions que compte engager son association durant la saison estivale. Et pourtant, les atteintes à l'environnement et à la santé humaine à Annaba, surtout en cette période, sont loin de faire défaut, comme les problèmes de pollution industrielle et marine par les huiles usagées évacuées dans la nature par plus d'une dizaine d'usines implantées sur le territoire de la wilaya. A ce propos, les huiles Askarel à base de polychlorobiphényle (PCB) demeurent, sans conteste, l'un des dossiers de pollution majeure devant sérieusement et efficacement être pris en charge. Il est d'ailleurs d'actualité, puisque la société nationale Sonelgaz vient de signer des contrats à l'effet de l'élimination de ces huiles à l'étranger où la technologie en la matière est très développée, notamment en Allemagne. Celles-ci, de synthèse, utilisées dans les transformateurs, condensateurs et les disjoncteurs, constituent un risque certain pour la population locale. Ce qui ne semble guère inquiéter les prétendus défenseurs de la cause environnementale à Annaba, c'ur historique de la révolution industrielle en Algérie, abritant le plus grand complexe sidérurgique d'Afrique. C'est justement au niveau de celui-ci que sont stockés, dans de mauvaises conditions, 61 transformateurs rebutés. De par l'importance de son tissu industriel, Annaba est, en effet, détentrice d'une grande partie des 3 444,5 t des huiles Askarel issues de 3 042 appareils en service et de 3 667 autres en rebut, source de contamination à l'échelle nationale. Il n'est pas inutile de rappeler que ces générateurs à base de PCB entraînent, selon les spécialistes de la santé, des effets cancérigènes. Se référant à de récentes études scientifiques internationales sur la dangerosité prouvée de ces substances, ces spécialistes indiquent que celles-ci peuvent être à l'origine d'allergie, troubles du comportement, affaiblissement du système immunitaire, problèmes d'apprentissage chez l'enfant et de fertilité chez les adultes mâles (diminution du nombre de spermatozoïdes, malformations génitales et cancer des testicules), problèmes de coordination neurologique et enfin de diminution de la faculté de mémorisation. L'Anpep semble être l'une des victimes de ces huiles PCB, puisque sa faculté de mémorisation est atteinte. Cette association « nationale » n'a pas estimé nécessaire ou a omis de marquer ce début de saison estivale par une quelconque initiative, aussi symbolique soit- elle. Les plus de 15 000 malades asthmatiques que compte Annaba, et dont l'état de santé se détériore chaque été de par les aléas climatiques et les émanations de poussière et fumées industrielles, devront-ils se mobiliser autour d'une campagne de sensibilisation à l'adresse de l'Anpep pour qu'elle daigne penser à eux ' Ces asthmatiques ont bien servi, durant les années 1990, d'alibi pour justifier la pression qu'elle avait exercée par le biais de médias interposés sur le complexe Asmidal pour la mise au point de l'initiative de dépollution. L'Anpep avait finalement eu gain de cause, puisque sa démarche avait abouti à la fermeture définitive de l'usine d'acide phosphorique, alors décidée par la banque mondiale en sa qualité de bailleur des fonds que nécessitait le programme de dépollution de Asmidal.
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Posté Le : 22/06/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : N. Benouaret
Source : www.elwatan.com