Bertrand DUSSAUGE Directeur marketing LexisNexis Intelligence Solutions « L?Etat doit donner l?exemple » L?intelligence économique dans le sens anglais du terme c?est le renseignement. Tout le monde fait du renseignement car si vous n?en faites pas vous ne pouvez pas protéger votre société. Aujourd?hui il s?agit de collecter des renseignements pour mieux gérer l?influence de l?opinion. L?intelligence économique se place à une dimension mondiale et non pas nationale. Elle répond à des enjeux économiques et technologiques mondiaux. Pour l?Algérie dont l?économie s?ouvre de plus en plus sur le monde, le problème est de savoir comment commencer. Des signes encourageants sont dores et déjà donnés notamment par l?Etat qui se mobilise en créant une commission d?intelligence économique. Il y a également un cours d?intelligence économique qui va bientôt être donné dans une prestigieuse université algérienne et l?opinion publique en parle de plus en plus. Mais aujourd?hui, le problème est de savoir si le développement de ce métier va prendre la même lenteur qu?en France où il n?a effectivement démarré qu?en 2003 ou beaucoup plus vite dans la mesure où les Algériens conscients de l?importance de l?intelligence économique mettent à profit l?expérience des pays les plus avancés en la matière, pour aller vite. L?Etat peut montrer l?exemple aux entreprises en commençant lui-même son intelligence économique. Le gouvernement algérien peut par exemple se servir de l?exemple français qui a consisté en 2003 à décloisonner les ministères en les obligeant à partager les informations que chacun gardait pour soi. En faisant de la sorte il peut inspirer aux universités algériennes l?initiative d?intégrer l?intelligence économique dans leurs enseignements ". Abderahmane ABEDOU : maître de recherche au CREAD « L?Etat a un important rôle à jouer » A la veille des grands redéploiements qui seront induits par la nouvelle stratégie industrielle on se pose la question de savoir s?il faut laisser les entreprises se débrouiller toutes seules ou se faire accompagner par l?Etat. Pour ma part, je pense que l?Etat a un rôle très important à jouer pour aider les entreprises à développer des stratégies actives de prospection de marchés. Bien sûr, les entreprises ont leurs propres responsabilités, mais l?Etat doit les aider à mieux prospecter, organiser un marché du conseil et promouvoir l?intelligence économique. Les expériences internationales nous montrent que les Etats ont un rôle important à jouer et je ne pense pas qu?en Algérie, l?Etat déroge à ce constat. Bien sûr ce n?est pas une omniprésence de l?Etat qui est souhaitée mais seulement une présence intelligente consistant notamment à créer un environnement favorable à la compétitivité. » Amor ZEBAR : directeur général du groupe VIP « Une école de formation prochainement à Alger » L?école de formation en intelligence économique que nous lançons en partenariat avec l?Ecole Européenne d?Intelligence Economique concerne les cadres d?entreprises algériennes ayant au moins cinq années d?expérience. On ne s?intéressera dans une première étape qu?aux entreprises soucieuses de se mettre à niveau en formant notamment certains de leurs cadres à la veille et à l?intelligence économique. Vous l?avez sans doute constaté, beaucoup d?entreprises parmi lesquelles des banques, ont exprimé leur souhait d?être formées à cette discipline et nous en sommes ravis. Dans une seconde étape on s?intéressera aux étudiants en quête de formation en intelligence économique. Pour pouvoir accéder à cette formation, il faudrait un niveau de bac plus cinq et une expérience en entreprise de 5 à 10 années. La formation à l?intelligence économique de cadres ayant pareil cursus sera à l?évidence plus aisée et leur opérationnalité en entreprise, plus rapide. Nous avons convenu avec l?Ecole Européenne d?intelligence économique de commencer au gré de la demande avec une salle de 25 à 30 personnes ou deux salles de 30 étudiants chacune. L?Ecole est en mesure de dispenser une formation pour 6O étudiants dès la première année. Dans le capital social de cette Ecole Algérienne d?intelligence Economique, il y aura pour la partie algérienne la part de notre Groupe VIP, celle de l?Université d?Alger, les participations de certaines administrations et institutions, de même que celles de nombreux cadres et universitaires. Le tour de table n?est pas encore bouclé, notre souhait étant d?associer le maximum " d?intelligences " à ce projet . » Humbert LESCA : professeur émérite « Une affaire de volonté des dirigeants d?entreprises » L?entreprise algérienne s?ouvrira à l?intelligence économique par la force des choses. A partir du moment où l?économie nationale s?ouvre petit à petit pour affronter la concurrence extérieure et les nouvelles technologies, le problème se pose désormais en termes d?adaptation à ces bouleversements. L?intelligence économique et la veille stratégique peuvent y aider mais le point d?ancrage de ces deux outils de management requiert avant tout la volonté de la direction de l?entreprise. Sans cette volonté il ne se passera rien d?exceptionnel dans l?entreprise quand bien même elle aurait la meilleure organisation et le meilleur logiciel qui soient. C?est pourquoi, je pense que le point de départ est la direction générale de l?entreprise qui doit être participative en étant notamment à l?écoute de l?extérieur. Les premiers responsables de l?entreprise ont-ils la volonté de capter et d?émettre certains signaux qui annoncent le changement ? Si cette volonté n?existe pas, il n?y a rien à faire. Si cette volonté n?existe pas par ignorance de l?importance des enjeux, elle peut évidemment être suscitée en citant aux dirigeants concernés des exemples concrets. La prise de conscience peut se produire en moins d?une demi-journée d?entretien. Il se trouvera évidemment toujours des chefs d?entreprises qui refuseront de fonctionner sur ce mode parce qu?ils sont irrémédiablement calés sur du rétrospectif. Si la volonté se confirme, se pose alors la question de savoir quel genre d?information il faut, où la trouver et qu?elle organisation pour ça ? Il s?agira par la suite de trouver les bons moyens pour pérenniser cette organisation essentiellement humaine par des supports informatiques. » Benoît de SAINT SERNIN : directeur général de l?Ecole européenne d?intelligence économique « Il faut commencer par la formation » Si l?Algérie entre sans tarder dans une démarche de formation de cadres en intelligence économique, elle peut rattraper beaucoup de temps perdu. Il faut par conséquent y aller en commençant par l?étape de la formation. Si le rôle de l?Etat est effectivement important au départ, n?attendons pas qu?il fasse le travail des entreprises. L?Etat sera pleinement dans son rôle lorsque l?entreprise reviendra à lui pour des demandes bien précises relevant de ses prérogatives. La presse a un grand rôle à jouer dans la prise de conscience de l?importance de l?intelligence économique au regard des enjeux économiques et technologiques mondiaux. C?est en lisant vos articles que les chefs d?entreprises vont savoir qu?il existe aujourd?hui des techniques et des pratiques qui permettent de collecter et de traiter encore mieux l?information. Ils trouveraient ainsi intérêt à les mettre en ?uvre dans leurs entreprises en formant des cadres à l?intelligence économique. L?école européenne d?intelligence économique qui a une grande expérience dans l?enseignement de cette discipline compte assister son partenaire VIP Groupe, pour l?aider à lancer à Alger une école de formation de haut niveau en intelligence économique. La formation s?étalera sur dix mois à raison d?une semaine par mois, avec à la clé, deux spécialisations : la formation de formateurs et la formation de consultants en intelligence économique. L?école en question ouvrira ses portes en septembre prochain. »
Posté Le : 19/03/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Nordine Grim
Source : www.elwatan.com