Promotion - «La Saga des rois numides, entre Carthage et Rome» de Messaoud Djennas : Les bâtisseurs d'Etats

«La Saga des rois numides, entre Carthage et Rome» de Messaoud Djennas, Editions Casbah, 238p. Prix public : 700 DA. «Revisiter l'histoire de l'antique Numidie est, quelque part, une gageure, voire une aventure», reconnaît , non sans raison, le docteur Messaoud Djennas dans la présentation de son nouvel ouvrage «La Saga des rois numides, entre Carthage et Rome» (Casbah 2010). Essentiellement basée sur des documents écrits par des historiens latins, quand ce ne sont pas les auteurs colonialistes qui s'y érigent en seuls détenteurs, dictant, ainsi, leurs lois, paternalistes à  qui mieux mieux, dès lors, toute tentative d'expurger l'histoire de nos ancêtres les Aguellids, de ces relents racistes, exige de son protagoniste une approche critique rigoureusement pointilleuse. Et Messaoud Djennas d'expliciter, au plus haut point, ce souci majeur, à  même de pouvoir replacer l'histoire de la Numidie dans son contexte réel, donc, plus ou moins, objectif. «L'objectif premier du présent travail est de contribuer, si peu que ce soit, à  sortir de l'épaisse ombre qui les recouvre, les hommes qui ont marqué d'une empreinte profonde l'histoire du pays qui, pour l'essentiel, correspond à  l'actuelle Algérie et aux zones limitrophes de ses voisins de l'Est et de l'Ouest : la Numidie», explique-t-il.Gaïa, Syphax, Massinissa, Micipsa, Jugurtha, Hiempsal II, Juba 1er, Juba II et Ptolémée, n'ont pas été, toujours, ce que les historiens latins ont en rapporté. Qu'on a parfois présentés comme inéluctablement vassaux, servant sous les ordres de Rome ou de Carthage qui guerroyaient pour le contrôle du monde. Car, au fond, si certains furent, effectivement, des alliés ou des adversaires conjoncturels des deux puissances mondiales, d'autres par contre, comme tente de l'éclaircir l'auteur, «ont néanmoins fait preuve de grandes capacités à  àªtre des bâtisseurs d'Etats, des acteurs de l'histoire» dont l'œuvre fut, incontestablement, d'avoir réussi pour la première fois, avant les temps modernes, à  unifier la région de l'Afrique du nord, des siècles bien avant les Almohades au XII siècle de notre à¨re. Massinissa n'a pas été celui qui fonda le premier Etat numide unifié deux siècles avant J.-C, et qui exerça son pouvoir durant plus d'un demi-siècle, sur les territoires qui constituent l'Algérie d'aujourd'hui avec une extension vers l'ouest tunisien.C'est pourquoi d'ailleurs, ce dernier reprend un passage du livre «Nos ancêtres les Rois numides» (Dalimen 2009) de Mahfoud Ferroukhi avançant ceci : «Braves, téméraires et cultivés, les rois numides disposaient d'une fertilité intellectuelle qui les protégeaient davantage de l'emprise des empereurs romains, alors maîtres du monde. La littérature et l'art les nourrissent et rendent féconde l'expression d'une civilisation propre à  celle de l'Afrique du nord : celle des rois numides».Une civilisation maghrébine, nord-africaine, foncièrement berbère que Messaoud Djennas tente d'extirper des «vérités» admises, en la projetant, avec sa portée symbolique, dans l'histoire contemporaine : «L'histoire de l'Algérie n'est pas faite que de lutte et de résistance. Si la Guerre de Jugurtha annonce celle d'Abdelkader, Gaïa, Syphax et Massinissa surtout sont l'illustration de la fécondité de cette terre numide qui a vu émerger de son sein des grands bâtisseurs d'Etats, n'ayant rien à  envier aux monarques les plus grands de leur temps et dont notre jeunesse peut et doit àªtre fière», conclut l'auteur, tout fier.