Promotion des faussaires

La somnolence et la torpeur de l'été ne touchent pas tout le monde de la même manière. Ceux qui s'en plaignent devraient y réfléchir à deux fois avant d'envier le rythme trépidant de ceux qui ne dorment jamais. Qu'est-ce qui est mieux, par exemple ' Etre réveillé en sursaut, être tiré de son sommeil, souvent immérité pour qui vit dans la paix, par un séisme de 5,6 de magnitude à l'échelle ouverte (donc non fermée ') de Richter ou chercher vainement le sommeil à Ghaza dans le fracas assourdissant des missiles tirés par les F16' Juste rééquilibrage, le trop plein d'actualité, chaleureuse jusqu'à être infernale, dans l'enclave compense dans l'indignation le déficit dont on se plaint ici. Normalement, le séisme de vendredi à lui seul, sans être un événement majeur, devrait être une source d'inspiration inépuisable pour une multitude de sujets liés à la sismologie et aux catastrophes naturelles. Des gens en sont morts quand même. Pas comme victimes directes de la secousse, mais de l'affolement et de la panique qui en ont résulté. On pouvait croire que depuis octobre 1980 et le violent tremblement de terre de l'ex-El Asnam qui fit 2 500 morts, les Algériens ont plus ou moins acquis des éléments de culture en rapport avec le phénomène. Haroun Tazieff, grand vulcanologue pris pour un «vulganisateur (sic)» par nombre d'Algériens était pourtant venu à l'époque en Algérie et il n'avait pas été avare de leçons et d'explications. Que non, les gens n'ont pas retenu que la réplique qui suit la secousse est dans presque cent pour cent des cas de magnitude inférieure. Si des dégâts sont quand même provoqués dans les habitations, c'est généralement parce que la première secousse les a peu ou prou déjà fragilisées. Quelle perception des choses avaient pu avoir ces gens qui ont sauté du deuxième ou même du premier étage, mourant ou se brisant les jambes 'Les autorités ne devraient pas retourner à leur douce somnolence en étant quitte avec la frayeur de vendredi dernier. Et si, à Dieu ne plaise, le séisme avait frappé à une heure de pointe, 8h, midi ou 18h ' Où sont les voies d'accès réservées aux seuls véhicules des secours et des forces de l'ordre ' Et les colonnes sèches pour éteindre les incendies, combien y en a-t-il et dans quel état ' Trottoirs et ruelles suroccupés, semblants de parkings et espaces livrés par les maires aux délinquants... On n'ira pas jusqu'à demander au Premier ministre de rappeler de vacances ses ministres et les autorités locales, mais envisager dès maintenant les parades et la levée des entraves est la moindre des choses. Voilà qui devrait -d'une pierre deux coups- apporter du grain à moudre au moulin fatigué de l'actualité nationale.Toutefois, détrompez-vous si vous croyez que tout le monde cède aussi facilement à l'indolence de l'été. À Zemmouri, charmante station balnéaire dans la wilaya de Boumerdès, deux faux généraux ont été arrêtés mercredi. Ils promettaient de juteuses affaires immobilières à leurs victimes impressionnées par le grade des escrocs. Si vous êtes attentifs aux faits divers, vous remarquerez que les faussaires visent de plus en plus haut dans les fonctions qu'ils s'attribuent, avec une prédilection (allez savoir pourquoi) pour les gradés supérieurs, très supérieurs, de l'armée.À votre avis, pourquoi aucun faussaire ne s'est fait encore passer pour un professeur agrégé de mathématiques ou un botaniste spécialiste en végétation desHauts-Plateaux 'A. S.