Réussir le pari assigné par les pouvoirs publics d'atteindre 70% de la couverture du marché du médicament par la production nationale et par là même s'auto-suffire passe indéniablement par la promotion d'une industrie pharmaceutique performante et concurrentielle.
Un challenge légitime, voire nécessaire, contrarié, cependant, par une instabilité réglementaire, l'absence de visibilité à moyen et long terme, le manque de transparence et une politique de l'approximatif. Ce constat, des plus pessimistes, a fait pratiquement l'unanimité parmi les participants au premier Salon national de l'industrie pharmaceutique et parapharmaceutique qui s'est ouvert lundi à Constantine. «Vouloir et prétendre» à une industrie pharmaceutique locale performante et concurrentielle, capable de subvenir aux besoins du marché local et par la même diminuer la facture des importations et donner un élan aux opérateurs locaux est de l'ordre de «l'irréel». Et pour cause, estime le Dr Kerrar, vice-président de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP), «l'environnement actuel dans lequel évoluent les investisseurs et producteurs locaux entrave le développement de telles industries aux besoins spécifiques». Enumérant les contraintes et autres difficultés empêchant l'essor d'une industrie pharmaceutique locale performante, ce dernier mettra en avant plusieurs facteurs, notamment ceux ayant trait à l'instabilité réglementaire. «Il est important de définir un cadre réglementaire sûr, prévisible, transparent et stable». Et d'étayer ses dires sur l'instabilité réglementaire en citant le cas de la décision «d'interdire l'importation des médicaments produits localement et l'obligation pour les conditionneurs, au terme de la cinquième année, d'investir dans la production». Une décision qu'il qualifie de «courageuse et légitime» mais qui, au grand dam des opérateurs locaux, n'a pas été suivie d'effet. «Les textes en question ont été, à cause de la politique de l'approximatif et l'absence de visibilité, ou remaniés ou tout simplement abandonnés», souligne le conférencier. Le Dr Kerrar, qui rappellera, au passage, les recommandations de l'UNOP soumises aux hautes autorités en 2007 dont notamment celle de prétendre à 60 % de couverture des besoins du marché local par la production nationale, ne cache, toutefois, pas son scepticisme au vu de l'état actuel des choses. «Même avec les nouvelles mesures prises dernièrement par le ministre de la Santé, nous serions de bon élèves si l'on arrivait à couvrir 50 % de nos besoins en médicaments». De son côté, le président de l'UNOP, le Dr Nabil Mellah, qui intervenait dans le même contexte, pense que cet objectif n'est pas réalisable, du moins dans le contexte actuel, frappé, selon lui, par «la politique de l'approximatif». «Force est de constater qu'aujourd'hui, notre réglementation pharmaceutique n'aborde pas toutes les problématiques pouvant être rencontrées sur le terrain». «Aussi, souligne-t-il, cet état de fait ouvre donc la voie à l'interprétation et parfois même à l'approximation. En effet, au lieu d'être dans un mode d'action, nous nous trouvons souvent à réagir à des décisions non concertées que nous subissons. C'est pourquoi on dit que tout ce qui n'est pas écrit est une rumeur. Ainsi, si nous voulons garantir la disponibilité du produit pharmaceutique en qualité et en quantité, il est indispensable de mettre à niveau notre réglementation ainsi que les outils de contrôle permettant de vérifier son application. Et cela que ce soit en termes de bonnes pratiques de fabrication (BPF), de responsabilité pharmaceutique ou de transmission de données.»
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Posté Le : 19/01/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Farid Benzaid
Source : www.lesoirdalgerie.com