Promesses et mensonges

«Le mensonge et les vers ont été de tout temps amis» (La Fontaine)Sûrement parce qu'ils minent et corrompent toute chose. Il faut s'attendre, dans la campagne électorale qui va bientôt démarrer, à une inflation de mots creux et à une avalanche de promesses qui seront sans aucun effet sur un électorat désabusé.C'est une vérité bien établie que les candidats à une élection commencent d'abord par faire une critique acerbe du bilan du candidat sortant. Ensuite, ils promettent beaucoup de choses et en rajoutent. La surenchère électorale peut amener les postulants à promettre la lune, à raser gratis. Mais au lendemain des élections, les promesses sont remisées au rayon des souvenirs. Ce qui a fait dire à un penseur des moyennes fréquences, «qu'un candidat qui ne tenait pas ses promesses devrait être poursuivi pour chèque sans provision».Mais les mensonges de la campagne électorale sont de moindre gravité que le mensonge, comme mode de gouvernance.De tout temps, des gouvernants sans scrupules ont menti pour arriver à leurs fins. Caton l'ancien, sénateur conservateur romain, présenta une figue fraîche cueillie le matin même, et s'adressant au Sénat romain prétendit qu'elle venait de Carthage. La fraîcheur de la figue était l'indicateur de la proximité de Carthage, donc du danger. Ainsi, Carthage fut détruite.Le pape Urbain II mobilisa l'Europe chrétienne pour délivrer le Saint-Sépulcre alors qu'il voulait tout simplement offrir la route des épices aux ambitieuses cités italiennes qui s'enrichiront sur le dos des pauvres gueux des trois continents...Louis XV simula une tentative d'attentat avec la complicité du fils de son jardinier: la cote de popularité du monarque remonta, tandis que le pauvre malheureux «terroriste» fut écartelé.Hitler mit en scène une attaque d'un poste frontalier allemand par des «soldats polonais». La malheureuse Pologne fut envahie en deux temps, trois mouvements. Les Français simulèrent une attaque de l'un de leurs bateaux dans le golfe du Tonkin: l'Indochine fut colonisée. Les Américains prirent le même prétexte pour bombarder le Viet-Nam du Nord. Ainsi, par tous les moyens, il faut justifier l'intervention militaire: c'est l'histoire du loup et de l'agneau. Le plus grand mensonge de l'histoire contemporaine a été exprimé par les dirigeants de la plus grande puissance du monde: les Etats-Unis. George W. Bush, Tony Blair et leurs alliés européens, Aznar et Berlusconi ont payé le mensonge des armes de destruction massive qui a amené la destruction d'un pays: l'Irak. Mais personne ne parlera plus, le lobby sioniste étant là pour contrôler les médias, de l'impartial rapport publié par Hans Blix, chef des inspecteurs de l'ONU qui n'a pas été tendre avec l'Exécutif américain. Il a mis en valeur toutes les manoeuvres immorales des pétroliers du Texas et les mises en garde de l'ONU dans la préparation d'une guerre injustifiée et injustifiable. Chez nous, le premier mensonge a été fait à l'occasion de la mort au «champ d'honneur» de Abane Ramdane. Il serait vain de faire un inventaire des promesses non tenues qui ont fait croire à tout un peuple des lendemains qui chantent: la réalité est visible dans les salles d'hôpital surchargées comme aux portes des épiceries où les smicards attendent chaque matin leur ration de lait en sachet.«Le mensonge peut courir pendant une année, la vérité le rattrape en une seconde.»