Prolifération des cafés maures

Le café semble être l'activité commerciale la plus prisée à Tissemsilt, au vu du nombre croissant de ces établissements commerciaux. Pour les trois années écoulées, pas moins d'une dizaine de cafés ont vu le jour dans une ville dont le nombre d'habitants dépasse légèrement les 60 000.
Ouvrir un café est un investissement facile à consentir pour les fortunes de la capitale de l'Ouarsenis. Il est vrai que ce créneau d'activité permet une rotation rapide du capital investi et un amortissement tout aussi rapide. La clientèle potentielle, toutes catégories sociales confondues, en nombre croissant, est un facteur non négligeable dans la prolifération de cette activité commerciale. Un cafetier ne chôme pas à Tissemsilt, pas plus qu'il ne risque de déclarer faillite un jour. L'amateur du moitié-moitié, de l'expresse et du café crème bien blanc ou bien noir, selon les goûts des uns et des autres, est toujours là, n'hésitant pas à mettre la main à la poche pour payer son café et celui d'un copain ou d'une simple connaissance à la table d'en face. A 20 DA la tasse, prix pratiqué par l'ensemble des établissements, certains amateurs invétérés de cet arôme doux amer reconnaissent en consommer jusqu'à six et parfois plus de café. De leur côté, les patrons des lieux, concurrence oblige, rivalisent d'ingéniosité pour soigner le décor intérieur de leurs établissements. L'inévitable chaîne stéréo diffusant les tubes rai en vogue trônant au beau milieu de la salle, l'objectif étant d'attirer et de fidéliser la jeune clientèle. Espace commercial par excellence, le café est également un espace de communication. C'est au café que l'actualité nationale mais surtout locale est commentée et analysée par les plus «savants» des clients. C'est au café aussi que l'ancêtre de l'information, la rumeur, est amplifiée quand elle n'y affiche pas la liste des bénéficiaires des logements sociaux, qui mute les responsables locaux et désigne leurs successeurs. C'est au café surtout que les rendez-vous sont fixés au point où la clientèle est identifiée à l'établissement qu'elle fréquente. Aux café de Ouled Bled, les Vialarois, du nom Vialar, l'ancienne appellation de Tissemsilt, au café des Pays où l'on continue encore à préparer et servir du café maison, très fréquenté le mardi, jour de la tenue du souk hebdomadaire de la ville, par les ruraux, est venu se greffer au décor de la ville tout dernièrement un autre café que la vox populi locale a vite affublé du nom de café des Entrepreneurs, en raison du statut social de ses clients. Ces derniers représentés par les nombreux micro-entrepreneurs, portable accroché à la ceinture et bien en évidence, c'est dans «leur» café que les discussions portant sur les ODS (ordre de service), mandatement et avancement des travaux et autres terminologies échappant aux «zaoualis», sont les animées.