Algérie

Projets pour la culture



Oui! Mais comment? Dans tous les gouvernements successifs, nos ministres ont toujours eu, chacun dans son champ de gouvernance, cette attitude à la fois lénifiante et racoleuse chaque fois qu’une mesure est prise de revitaliser tel ou tel secteur sous leur tutelle, ou chaque fois qu’il en est fait seulement la promesse -on n’en est plus surpris maintenant : sans état d’âme, ils reconnaissent que le secteur en question a été jusque-là longtemps délaissé. Comme s’ils voulaient apporter une touche de compassion aux citoyens concernés et par là même suggérer que non seulement, ils n’ont aucune responsabilité dans le laisser-aller ou défection qu’a connu le secteur mais aussi qu’ils agissent là en sauveurs. Par delà les limites du pouvoir de chacun d’eux, force est de constater que nos ministres ont l’art de ne jamais faire le bilan du désastre (des carences du moins) et d’en déterminer les acteurs et les facteurs. C’est pour cela que même en décidant de faire mieux ici ou là, consacrant des budgets conséquents, ils ne peuvent éviter de reproduire les mêmes désastres et en même temps la même confusion sur les responsabilités. Il est difficile pour le moment de ne pas classer sous le même registre l’annonce des mesures en matière de culture faite par Khalida Toumi. La manière et le manque de précision nous en envoie de mauvais présages. Madame la Ministre de la Culture, lit-on dans les journaux la semaine passée, a présenté un programme étoffé qui concerne plusieurs domaines de son secteur. On aura compris que son institution a le projet, en y consacrant un important budget, de repérer et de réaménager les sites archéologiques historiques, de revitaliser la lecture par la création d’un centre du livre, la facilitation de l’importation du livre, la création de 1.552 bibliothèques et espaces de lecture, de redynamiser le cinéma en alimentant le fonds du 7ème art, idem pour l’art dramatique par la construction de 10 nouveaux théâtres. Des projets qui doivent être réalisés, avons-nous compris, entre fin 2009 et 2014. Même quand il arrive qu’on y croit, on dira de première impression que les délais sont longs et que c’est peu de choses pour une si longue attente, comparé par exemple à l’insoutenable et incongru projet de la grande mosquée d’Alger. Plus généralement, l’annonce de ces projets signifie, en première impression, qu’il y a une volonté de réanimer un secteur actuellement dans un très grave état de santé. Mais dès lors qu’on considère ces projets sous tous leurs aspects, on craint que cette volonté ne se réduise en une simple velléité de mesures. Car la question est -restons dans la métaphore pour résumer- «Est-ce que ce corps répondra à la nature des soins qu’on compte lui apporter; est-ce que la dose préconisée est suffisante et est-ce que les garanties existent pour que tout le système qui s’en occupe ne détourne pas à son profit l’essentiel des moyens de soin et finira par lui administrer un placebo? Seules pourraient nous permettre de répondre à cette question une appréciation lucide et courageuse de l’état de chaque domaine de la culture chez nous, une identification des causes des carences et une évaluation de ce à quoi ont abouti les projets en la matière (et dépense des budgets qui leur ont été affectés) lancés précédemment. Il ne s’agit pas là d’acquiescer angéliquement ou de jeter une suspicion malsaine. La demande ici est peut-être de recevoir des instances concernées des signes qui rassurent que les mesures prises obéissent à des motifs étudiés et ont de réelles chances d’aboutir. Car quand bien même aurons-nous admis que l’enveloppe financière nécessaire va être bel et bien accordée, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous demander sur quelles structures de réalisation, de suivi et ensuite de gestion vont s’appuyer les dirigeants du ministère ? Passer durablement sous silence cette question entachera à nos yeux cette décision d’indécisions non avouées. L’argent n’est pas tout maintenant que l’Algérie en a. Car ce n’est pas avec n’importe quelle gestion, des biens et des finances, que nous pouvons faire aboutir dans le meilleur état nos projets. Surtout quand il s’agit d’un domaine comme celui de la culture. Pour s’en convaincre (s’il en faut) qu’il y a une extrême prudence à observer, il n’y a qu’à voir ce à quoi ont abouti les projets d’urbanisation engagés ces dernières années. En tout cas rien dans le résultat ne nous rassure quant au sens de l’esthétique avec lequel on réaménagera nos sites archéologiques et on construira les théâtres annoncés.


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