Algérie

PROJET DE STATUT DES AVOCATS Retrait en vue des articles de la «discorde»



Le projet de statut de la profession d'avocat qui a suscité, pour rappel, le courroux de la corporation pour laquelle ce texte ne fait que limiter ses droits, se verra vraisemblablement «amputé» des articles qui dérangent parmi la corporation à l'origine, d'ailleurs, d'un vaste mouvement de contestation des robes noires.
Mohamed Kebci - Alger Le Soir) - C'est le président de la Commission nationale de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNPPDH) qui a fait part de ce projet. Me Farouk Ksentini, qui était, hier, l'invité du forum hebdomadaire de Liberté, a dit tenir la confidence du Premier ministre et du ministre de la Justice, lors de deux récentes entrevues, qui lui ont fait la promesse du retrait des articles de la discorde. Des articles au nombre de trois, qui ne sont pas du goût des avocats qui ont, alors, aussitôt ledit projet rendu public, crié à une volonté délibérée de vouloir, à travers ce texte, «limiter le droit de l'avocat face au juge et représentant du ministère public» comme ne l'ont d'ailleurs pas cessé de le clamer les avocats lors de leurs nombreuses actions de protestation. Un de ces articles autorise, notamment, le juge d'empêcher un avocat de plaider et de le renvoyer devant le conseil de discipline s'il juge que sa plaidoirie perturbe l'audience. L'avocat peut même se voir poursuivre en pénal. Ce que Ksentini considère comme une volonté inavouée de «restreindre l'action de l'avocat et de juguler ce dernier». Ksentini, pour qui l'institution judiciaire est de «mauvaise qualité pénale», dénoncera une fois de plus la détention provisoire devenue à ses yeux systématique, lui qui dit que le juge est fait «pour libérer et non pour incarcérer», ne ménagera pas les magistrats, pas tous, ceux qu'il affuble des tristes épithètes de «frileux carriéristes». «Ils ne doivent pas se comporter en domestiques», regrettant presque à demi-mot la mainmise de l'exécutif sur l'appareil judiciaire. Le président de la CNPPDH avouera que la conséquente revalorisation salariale dans la corporation des magistrats a malheureusement produit son effet inverse puisque, dira-t-il, ils sont nombreux, les magistrats à avoir peur pour leurs postes en recourant systématiquement à la détention préventive, foulant aux pieds la présomption d'innocence». Se voulant encore plus critique à l'endroit de cette corporation, Ksentini plaidera pour «la responsabilité civile des magistrats à même de permettre de poursuivre ceux qui auront commis des erreurs ou des fautes dans leurs jugements». A propos de corruption, dont la toute dernière affaire en date, la décision de la justice d'engager de nouvelles investigations pour faire la lumière sur le rôle de l'ancien ministre de l'Energie et des Mines dans l'affaire dite Sonatrach 2, érigée, selon lui, en «sport national», l'invité du forum de Libertéaffirmera que la justice algérienne fait toujours son travail en matière de lutte contre ce fléau. Ksentini déplorera, au passage, les propos d'un membre de l'exécutif selon lesquels le dossier de l'affaire de l'autoroute Est-Ouest est clos. «Aucun ministre ne peut classer un dossier, c'est l'affaire des magistrats», dira-t-il, poursuivant par dire que les poursuites devraient être étendues à d'autres personnes citées.


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